Berne veut faire grimper la franchise pour que les primes maladie baissent
La franchise minimale de l’assurance maladie, fixée actuellement à 300 francs, va augmenter. Ainsi en a décidé le Parlement, hier à Berne. La majorité de droite y voit un moyen de responsabiliser les assurés et de faire baisser les primes. La gauche dénonce un coup porté aux personnes âgées et aux malades chroniques.
La franchise minimale de 300 francs est amenée à augmenter. Après le Conseil des États, qui l'avait déjà avalisée, le Conseil national a accepté mercredi d’en hausser le prix, hormis pour les enfants. Fixée actuellement à 300 francs, elle devrait progresser «modérément», s’est engagée la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider. Dans le cas contraire, le référendum semble imparable.
La majorité de droite qui a soutenu cette motion de l’UDC y voit un moyen de faire baisser les primes. Elle espère que les patients consulteront moins pour des bagatelles, un facteur responsable des coûts de la santé. Cette mesure sera-t-elle indolore pour les assurés? Dans l'ensemble, oui, répond la droite. «C’est pour retrouver un équilibre entre la participation des 10%, le montant de la prime et la franchise, explique le conseiller national PLR Cyril Aellen. Aujourd'hui, nous avons une franchise qui a été fixée il y a 20 ans, qui n'est pas en adéquation avec l'équilibre voulu par la LAMAL lorsque celle-ci a été mise en place.»
Les élus font aussi valoir que les personnes précaires ne seront pas désavantagées, puisqu’elles touchent des subsides pour l’assurance-maladie. En revanche, l’ardoise des cantons pourrait s’alourdir, puisque ce sont eux qui paient les prestations sociales.
«Ce sera une nouvelle fois la classe moyenne qui va être pénalisée»
À gauche, on s’inquiète pour les malades chroniques et les personnes âgées, grands consommateurs de soin. Mais aussi pour la classe moyenne, comme le sénateur MCG Mauro Poggia, qui n’a pas voté avec son groupe: «Les personnes aux prestations complémentaires auront cette franchise prise en charge. Ce sera une nouvelle fois la classe moyenne qui va être pénalisée. Est-ce que la hausse sera suffisamment élevée pour inciter les gens à ne pas aller pour pas grand-chose chez le médecin ou au contraire cela va-t-il dissuader les gens qui devraient aller voir le médecin? Ce serait dramatique, car on sait que ne pas consulter suffisamment tôt engendre une aggravation de l’état de santé qui finalement coûte plus cher à la collectivité.» Et de tempérer l'optimisme de la majorité parlementaire en remontant dans le passé: «Que je sache, tous les efforts qui ont été demandés aux assurés ces dernières années ne se sont pas transformés en diminution de prime, mais au contraire, nous dit-on, en diminution des hausses de prime, sans qu'on sache réellement quel est le lien de cause à effet entre l'effort demandé et accompli et le bénéfice retiré.
Dans le capharnaüm de propositions visant à freiner les coûts de la santé, cette volonté d’adapter le seuil de la franchise n’est pas une surprise. Cela fait 21 ans qu’elle est au même barème. Tandis que durant cette même période, les coûts de l’assurance de base ont doublé. Selon les projections, un passage de la franchise à 450 francs ferait baisser les primes de 2%.