Suisse

Bondo, cinq ans après l'éboulement, sur la voie de la normalité

23.08.2022 10h52

Bondo, cinq ans après l'éboulement, sur la voie de la normalité

Les coulées de boue qui ont suivi l'éboulement de roche étaient encore visibles à Bondo en 2020 (archives).

Photo: KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER

Le 23 août 2017, trois millions de mètres cubes de roche ont déferlé dans le vallon de Bondasca, aux Grisons. Le village de Bondo a échappé de peu à la destruction alors que huit personnes sont mortes. Cinq ans plus tard, ce village retrouve la voie de la normalité.

La roche s'est détachée à 09h30 du massif du Piz Cengalo, à 3369 mètres d'altitude. Avec un volume équivalant à environ 3000 maisons familiales, il s'agit de l'un des plus grands éboulements en Suisse depuis plus d'un siècle. Huit randonneurs de nationalité suisse, allemande et autrichienne ont été ensevelis et tués, leurs corps n'ont jamais été retrouvés.

L'éboulement a provoqué une coulée de boue jusque dans le Val Bregaglia, qui a détruit des mayens et qui s'est étendue jusqu'aux portes du village italophone de Bondo, qui fait partie de la commune de Bregaglia. Ses 200 habitants ont immédiatement été évacués.

'Nous savions qu'un éboulement pouvait se produire', avait déclaré à l'époque la présidente de la commune, Anna Giacometti. Toutefois, son ampleur a surpris.

Autres éboulements et coulées de boue

Les jours suivants, d'autres éboulements et deux grandes coulées de boue ont suivi. Le lit du ruisseau Maira a été recouvert jusqu'à l'autre côté de la vallée principale. Les habitants de Spino ont dû précipitamment quitter les lieux.

Une grande menuiserie a été balayée par les éboulis, de même qu'une douzaine d'autres bâtiments. Nonante autres ont été endommagés, la plupart légèrement. Le pont reliant les deux côtés de la vallée, des conduites d'eau et des installations électriques ont aussi été détruits.

La nouvelle et l'ancienne route cantonale ont été ensevelies, coupant l'accès à la vallée. Le montant des dégâts s'est élevé à plus de 40 millions de francs.

Le bassin de rétention de Bondo, qui protège le village de tels événements, était plein. 'Si une autre coulée était arrivée, elle aurait touché le centre du village', se souvient Anna Giacometti cinq ans plus tard, dans un entretien avec Keystone-ATS.

Vider ce bassin était nécessaire. La roche continuait de bouger au Piz Cengalo. Puis, la roue a tourné: aux pluies abondantes pendant les coulées a succédé une période de beau temps. 'La météo nous a permis de rétablir les infrastructures et de vider le bassin de rétention', se rappelle Mme Giacometti, qui siège désormais au Conseil national sous la bannière PLR.

Grosse solidarité nationale

Bondo a bénéficié de la solidarité de toute la Suisse. L'armée et la protection civile ont prêté main-forte sur place aux forces d'intervention de la commune et du canton. Des particuliers, des cantons mais aussi des communes d'autres régions du pays ont donné de l'argent. En trois mois, onze millions de francs ont été récoltés.

Un mois et demi après la dernière coulée de boue, une grande partie des 150 personnes évacuées avaient pu regagner leurs maisons. Un mois plus tard encore, tous les habitants de Bondo avaient pu rentrer chez eux.

La peur a quasiment disparu

Comme le danger d'éboulements et de coulées de boue existait toujours, la commune a décidé de construire de plus grands ouvrages de protection et de nouveaux ponts pour un montant de 42 millions de francs. Ces travaux ont commencé.

'Les habitants de Bondo sont tous très heureux que la commune ait réussi, avec le canton, à maîtriser la situation et à mettre sur pied le projet final', déclare Anna Giacometti. Le bruit et la poussière des travaux rappellent certes encore l'éboulement, mais la peur a quasiment disparu. 'Bondo est revenu à la normale à 80-90%', estime la désormais conseillère nationale.

La question de la responsabilité des autorités dans la mort des randonneurs continue d'occuper la justice. Des proches des victimes ont contesté devant le Tribunal fédéral le classement de la procédure pénale et ont obtenu gain de cause en février 2021. Ils estiment que des mesures de sécurité auraient dû être prises avant le drame. Au vu du risque connu d'éboulement, il était erroné de maintenir ouverts les chemins de randonnée dans le Val Bondasca.

/ATS