Début du procès du pilote impliqué dans une collision en 2016
Le procès du pilote de la Patrouille suisse dont l'avion était entré en collision avec un autre avion lors d'un vol d'entraînement aux Pays-Bas en 2016 a débuté lundi à St-Gall. Après de brefs débats, le procès a été reporté à une date indéterminée.
Le pilote doit répondre devant le tribunal militaire 2 d'utilisation abusive et dilapidation par négligence du matériel, d'entrave à la circulation publique par négligence et d'inobservation répétée des prescriptions de service par négligence.
La première audience lundi après-midi a été brève. L'auditeur de l'armée a contesté le fait que le pilote qui doit être jugé a changé d'avocat une semaine avant le début du procès. Le nouvel avocat est un conseiller juridique des Forces aériennes.
Risque de conflit d'intérêts
Pour l'auditeur, il existe un risque de conflit d'intérêts. Ce conseiller a entendu plusieurs témoins peu après l'accident aux Pays-Bas en accord avec les Forces aériennes.
La justice militaire avait refusé ce conseiller comme défenseur en 2016. Le fait qu'il a maintenant repris le cas une semaine avant l'audience est 'une manoeuvre douteuse', selon l'auditeur.
L'avocat de la défense a nié tout conflit d'intérêts. Il a participé à des interrogatoires après l'accident aux Pays-Bas, mais il n'était pas là en tant que représentant ou conseiller de l'armée de l'air. Au contraire, a-t-il affirmé, il représentait le pilote depuis le début.
Audiences reportées
Après une brève délibération, le tribunal a décidé de ne pas admettre l'avocat de la défense. Il a reporté les audiences à une date indéterminée et a donné à l'accusé deux semaines pour désigner un autre défenseur.
L'accident s'est produit le 9 juin 2016 lors d'un vol d'entraînement de la Patrouille suisse en vue d'un show aérien à Leeuwarden (Pays-Bas). Au cours du vol en formation, le pilote incriminé a constaté qu'il volait trop vite. Pour corriger, il a entamé une manoeuvre dite de survol au cours de laquelle il a voulu croiser deux fois par le bas un deuxième Tiger F-5 de la formation.
Rapprochement incontrôlé
Ce faisant, il a brièvement perdu de vue le deuxième avion. Il s'en est suivi un rapprochement incontrôlé et une collision. L'avion endommagé du prévenu n'était plus contrôlable. Le pilote a actionné le siège éjectable et l'appareil s'est écrasé dans un étang situé juste à côté d'une ferme, à environ six kilomètres de l'aérodrome militaire.
Le pilote a atterri avec son parachute dans une serre non loin du lieu du crash. Le pilote du deuxième Tiger F-5 a pu faire atterrir son appareil sur la base aérienne de Leeuwarden, malgré les dommages subis.
L'auditeur de l'armée reproche au pilote dont l'avion s'est crashé d'avoir enfreint à ses devoirs de diligence lors de ses manoeuvres de rapprochement et d'avoir ainsi provoqué la collision. L'enquête n'a révélé aucun comportement fautif du second pilote impliqué dans l'accident.
Le tribunal militaire a prévu cinq audiences pour cette affaire. Le procès se déroule dans les locaux du Tribunal administratif fédéral à St-Gall.
Plus haut et moins près
Suite à cet accident aux Pays-Bas et à un incident survenu à St-Moritz (GR) pendant le championnat du monde de ski en 2017, les Forces aériennes ont pris des mesures pour limiter les risques. Les avions militaires en démonstrations doivent désormais voler plus haut et en formation moins rapprochée.
2016 a été une année noire pour l'aviation militaire suisse. En plus de l'accident aux Pays-Bas, deux crashs mortels ont eu lieu en un mois. En septembre, un hélicoptère de type Super Puma s'est écrasé tout près de l'hospice du St-Gothard. Les deux pilotes, des miliciens, ont perdu la vie et un assistant de vol a été gravement blessé.
Le 29 août, un F/A-18 s'est écrasé dans la région du Susten, quelques minutes après avoir décollé de la base de Meiringen (BE). Le pilote, un Vaudois de 27 ans encore en formation, a perdu la vie.
/ATS