Suisse

Don d'organes, vers un consentement présumé?

18.10.2021 17h51 Rédaction

consentement

En matière de don d’organe, la Suisse a adopté récemment le consentement présumé. Toute personne majeure devient alors donneur à moins de s’y être opposé de son vivant. Alors que la Suisse peine à répondre aux demandes des patients en attente de greffe, des voix s’élèvent pour dénoncer un système irréaliste. 

Il y a un mois, le conseil des Etats a adopté le consentement présumé au sens large. Toute personne dès 16 ans est ici considérée comme un donneur potentiel, sauf s’il s’y est clairement opposé de son vivant. Un système déjà en place dans la majorité des pays d’Europe occidentale. 

Actuellement en Suisse, c'est le principe contraire qui prévaut: le consentement explicite. En somme,le don d'organes est envisagé uniquement si la personne décédée y a consenti avant sa mort. Soit en ayant demandé une carte de donneur, en s’inscrivant sur le registre de la fondation Swiss Transplant ou via des directives anticipées par exemple. 

Un changement qui pourrait être bénéfique

L'an dernier, plus de 1450 personnes étaient sur une liste d’attente. Le changement vers un consentement présumé pourrait ainsi augmenter le nombre de donneurs et d’organes disponibles. Globalement, depuis 2010, le nombre de personnes en attente d’un organe a évolué à la hausse. Parallèlement, le nombre d’organes disponible stagne, et est systématiquement inférieur au besoin. Swisstransplant parle même de pénurie. "Chaque semaine, on a un à deux décès lié à cela", déplore Franz Immer, directeur de la fondation. 

Un principe de consentement présumé désormais combattu par un comité référendaire depuis jeudi. Pour l’instant formé de quelques citoyens alémaniques, son message est porté au niveau du conseil national par le parti évangélique. "On touche ici à l'intégrité physique des gens, explique François Bachmann, vice-président du PEV, partir du principe Qui ne dit mot consent, c'est un peu fort de café". La commission nationale d’éthique donne elle aussi un préavis négatif à ce consentement présumé. 

Le peuple pourrait avoir le dernier mot dans les urnes. Sous réserve que le comité référendaire collecte assez de signatures. 

Julie Zaugg

«Je suis très étonné que ce comité référendaire se forme»

Le député et chirurgien Philippe Morel a l’impression «que l’on vit un combat d’un autre âge». Il pointe le système de consentement suisse: «La commission d’éthique ne respecte pas les personnes en liste d’attente (…) pour des motifs qui sont détournés. C’est une forme d’hérésie et je suis très étonné que ce comité référendaire se forme».

Si la mise en place n’est pas pour demain, Philippe Morel que Genève a déjà expérimenté le consentement présumé. «Jusqu’à 3’000 personnes ont fait partie de cette liste. Alors, si la population est bien informée, on peut lancer le don d’organe et donner aux 1’400 personnes une qualité de vie.»