Suisse

Dons d'organes en baisse, en attendant le consentement présumé

26.04.2023 10h17

Dons d'organes en baisse, en attendant le consentement présumé

Selon Swisstransplant, 83 personnes sont mortes en 2022 en Suisse alors qu'elles figuraient sur la liste d'attente pour un organe compatible (image symbolique).

Photo: KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI

Alors que le peuple suisse a accepté le passage au consentement présumé, le nombre de donneurs d'organes a reculé en 2022. Cette baisse, observée également depuis le début de l'année, concerne aussi bien les personnes décédées que les donneurs vivants.

Le nombre de donneurs d'organes a légèrement reculé en 2022 en Suisse, a indiqué Swisstransplant mercredi dans un communiqué. La Fondation nationale suisse pour le don et la transplantation d'organes a enregistré 164 personnes décédées sur lesquelles des organes ont été prélevés, contre 166 l'année précédente.

Dans son rapport annuel, la fondation signale également le recul des dons de personnes vivantes. Il y a eu 116 cas, soit 9 de moins qu'en 2021. Cela concernait presque essentiellement (96%) le don d'un rein. Le reste (4%) portait sur une partie du foie.

Une attente fatale

Selon Swisstransplant, 83 personnes sont mortes alors qu'elles figuraient sur la liste d'attente pour un organe compatible, soit 11 de plus qu'en 2021. A la fin 2022, 1442 patients étaient en attente d'un don d'organe, soit huit de plus que l'année précédente.

Ce sont les patients en attente d'un rein qui doivent patienter le plus longtemps, pour une durée moyenne de plus de deux ans et demi. Ce type de don est aussi le plus fréquent.

En 2022, 570 personnes en Suisse ont reçu une transplantation d'un ou de plusieurs organes, soit 17 de moins qu'en 2021 (- 3%).

Collaboration internationale

Le nombre moyen d'organes transplantés par personne donneuse décédée a diminué, passant de 2,9 à 2,7. Il s'agit du chiffre le plus bas de ces cinq dernières années, selon Swisstransplant. Sept organes au maximum peuvent être donnés, à savoir le cœur, les poumons, le foie, deux reins, le pancréas et l'intestin grêle.

Le système repose également sur une collaboration internationale. Ainsi, l'année dernière, 19 organes retirés de donneurs décédés en Suisse ont bénéficié à des patients en attente à l'étranger parce qu'aucun receveur compatible n'était en attente pour ces organes en Suisse.

Dans l'autre sens, 36 organes provenant de donneurs européens ont pu profiter à des patients en Suisse, soit près d'un organe greffé dans le pays sur douze, note Swisstranplant.

Une situation 'critique'

Dimanche dernier dans le SonntagsBlick, le directeur de Swisstransplant Franz Immer a parlé d'une 'situation critique' en Suisse.

D'autant plus qu'aucune amélioration n'est en vue. Entre janvier et mars, 29 patients en attente d'un nouvel organe sont déjà décédés. Extrapolé sur douze mois, cela ferait 116 morts pour 2023, a calculé le journal dominical.

Les spécialistes du don d'organes espèrent que le consentement présumé accepté par le peuple suisse en mai 2022 permettra de changer la tendance.

Pas avant 2025

Le nouveau régime fera de tout un chacun un donneur potentiel. Les personnes qui ne souhaitent pas faire don d'un ou de plusieurs organes devront faire part de leur décision avant leur décès. Et l'avis des proches doit rester déterminant en cas de doute.

La date exacte de l'entrée en vigueur du nouveau système n'est pas encore connue. L'OFSP a récemment indiqué qu'il ne serait pas introduit avant 2025. L'identité électronique est encore trop peu répandue en Suisse. Or celle-ci est nécessaire pour pouvoir introduire le registre national numérique, prévu pour consigner les décisions.

Appel à consigner sa volonté

D'ici là, le principe du consentement explicite reste en vigueur: il n'est possible de prélever des organes et des tissus après la mort que si la personne défunte y a consenti. Dans le doute, les médecins demandent aux proches, qui souvent refusent.

C'est pourquoi Swisstransplant a renouvelé mercredi sa recommandation à la population de consigner sa volonté personnelle, au moyen d'une carte de donneur, de directives anticipées ou d'un dossier électronique du patient.

/ATS