Elliot Guy est le nouveau directeur de SOS Méditerranée Suisse
Le nouveau directeur de l’antenne suisse de SOS Méditerranée dresse le bilan d’une mission humanitaire en constante évolution. Entre défis financiers et coordination internationale, il évoque la réalité des opérations de sauvetage.
En reprenant les rênes de l’antenne suisse de SOS Méditerranée, Elliot Guy insiste sur l’importance de la coordination et de la rigueur dans une mission qui sauve des vies. «Il y a un immense triangle entre le sud de l’Italie, le nord de la Libye et le nord de la Tunisie, qui est la zone la plus meurtrière» souligne-t-il, rappelant que cette région concentre à la fois les départs et les naufrages.
Sur le terrain, l’Ocean Viking et ses équipes s’activent sans relâche. «Chaque fois qu’on est absent en mer, on constate qu’il y a des morts, qu’il y a des naufrages», confie Elliot Guy, évoquant ainsi la précarité d’un dispositif qui, malgré ses succès – plus de 41’000 personnes sauvées à ce jour –, reste mis à rude épreuve par des moyens de plus en plus limités. «La mission coûte très cher, c’est très dur de la financer», ajoute-t-il, rappelant que le financement repose principalement sur des soutiens privés et quelques contributions communales.
«Nos équipes se sont fait tirer dessus plusieurs fois»
Elliot Guy ne se dérobe pas face aux critiques: «On opère dans une zone où il ne s’agit pas d’accompagner l’immigration clandestine, mais de sauver des vies», affirme-t-il fermement pour contrer ceux qui reprochent à SOS Méditerranée de favoriser l’immigration illégale. Il souligne également l’importance de suivre les directives des centres de coordination – italiens, libyens ou maltais – dans l’exécution des sauvetages, précisant: «On ne décide à aucun moment d’où on va ou de comment on peut procéder à un sauvetage.»
Au-delà des aspects opérationnels, Elliot Guy met en exergue les défis liés aux conditions politiques et sécuritaires. «Nos équipes se sont fait tirer dessus plusieurs fois par des inconnus», déplore-t-il, illustrant la montée de la violence en mer et les contraintes juridiques qui complexifient encore davantage les interventions.
Soucieux de structurer durablement l’organisation, le nouveau directeur insiste sur la nécessité de revoir la stratégie financière et opérationnelle. «Le défi prioritaire est de continuer à financer cette mission et de se structurer pour opérer le mieux possible, malgré une situation qui ne cesse de s’aggraver», conclut-il.