Suisse

Enseigner l'islam à l'école protège contre la radicalisation

27.03.2023 14h44

Enseigner l'islam à l'école protège contre la radicalisation

Les cours de religion islamique dans les écoles protègent contre la radicalisation, selon une étude (Photo prétexte).

Photo: KEYSTONE/PETER KLAUNZER

Enseigner l'islam à l'école aide à prévenir la radicalisation. Des chercheurs des universités de Fribourg et Lucerne arrivent à cette conclusion sur la base de l'étude des cours de religion des cantons romands et alémaniques, pourtant fondamentalement différents.

'L'enseignement religieux aide les jeunes à développer une identité religieuse réfléchie', a déclaré lundi le directeur de l'étude Hansjörg Schmid, interrogé par l'agence de presse Keystone-ATS. M. Schmid dirige le Centre suisse Islam et Société à l'Université de Fribourg, laquelle avait lancé en 2019 un programme de master Islam et société, unique en son genre en Europe.

Partant du constat que l'augmentation de la diversité religieuse confronte les écoles à de nouveaux défis, les auteurs de l'étude ont examiné les modèles d’enseignement religieux en milieu scolaire dans tout le pays. Leur étude révèle notamment que des cours sur l’islam dispensés en classe favorisent l’intégration dans la mesure où ils créent des échanges entre les mondes de l’école et de la religion.

Selon l'étude, l'enseignement religieux favorise la 'résilience face à des conceptions religieuses fortement marginalisantes et identitaires'. On évite ainsi que ne se forme, en ce qui concerne la religion et l’identité, un vide susceptible de rendre les jeunes vulnérables aux processus de radicalisation, selon les experts.

Numérique

'Malgré la sécularisation croissante, la compétence religieuse doit demeurer du ressort de l'école', affirme M. Schmid. Selon lui, l'enseignement religieux à l'école est particulièrement important dans le contexte de la numérisation. Car la radicalisation se fait souvent par le biais d'Internet. 'Lorsque les jeunes ont des questions sur la religion, Google leur donne des réponses. Or il faut une certaine compétence pour faire le tri', a expliqué Schmid.

Fédéralisme oblige, l'enseignement des religions varie d'un canton à l'autre et particulièrement d'une langue à l'autre. En Suisse romande, seule l’éducation religieuse sous la responsabilité de l’Etat est proposée. Des excursions offrent parfois la possibilité de découvrir des lieux de culte ainsi que de rencontrer des représentantes et représentants de communautés religieuses. L’enseignement intègre aussi de plus en plus la religion telle qu’elle est vécue au quotidien.

En Suisse alémanique en revanche, l'enseignement de l'islam, sous la même forme que celui des religions chrétiennes, n'est actuellement proposé que dans huit établissements scolaires de quatre cantons (Lucerne, Zurich, Thurgovie, Schaffhouse), selon les résultats de l'étude. Les associations responsables établissent une large base en impliquant les parents, les communes et les Eglises.

Soutien de Fedpol

Cette instruction contribue à une transmission de l’islam adaptée à l’âge des élèves et tenant compte du contexte suisse. Beaucoup de cantons alémaniques exigent la reconnaissance de droit public de la communauté religieuse pour assurer des cours de religion, tandis que d’autres laissent davantage de marge de manœuvre. Au Tessin, l’instruction religieuse mise en place en 2019 tient également compte des préoccupations des minorités religieuses.

L'étude est un travail commun du Centre Suisse Islam et Société, de l’Institut de droit des religions de l’Université de Fribourg et du Centre de recherche sur les religions de l’Université de Lucerne. Elle a été soutenue par l'Office fédéral de la police (Fedpol) dans le cadre du plan d'action national visant à prévenir et à combattre la radicalisation et l'extrémisme violent.

/ATS