Suisse

«Il faut respecter les limites planétaires»: l’initiative des Jeunes Verts en débat

10.01.2025 20h09 Rédaction

Le 9 février, les Suisses voteront sur une initiative portée par les Jeunes Verts. Elle vise à inscrire la responsabilité environnementale dans la Constitution et à limiter l’impact de la consommation en respectant les «limites planétaires». Un projet ambitieux qui divise.

L’initiative des Jeunes Verts propose un cadre ambitieux pour protéger l’environnement et s’attaquer aux dérèglements causés par la surconsommation. «Nous avons déjà dépassé six des neuf limites planétaires, explique Quentin Knight, représentant des Jeunes Verts Jeunevois. Il faut agir maintenant pour éviter une aggravation de la situation.» L’objectif principal est clair, réduire les émissions de gaz à effet de serre de 90 % en dix ans. Un défi de taille, jugé irréaliste par les opposants.

Un projet aligné sur la science

Face aux critiques qui dénoncent un texte «radical», Quentin Knight répond: «Elle n’est pas radicale, elle se base sur la science. Les limites planétaires sont reconnues scientifiquement, et les accords de Paris demandent des efforts similaires.» Il insiste sur l’urgence de la situation: «Si nous n’agissons pas rapidement, la situation deviendra de plus en plus critique.»

Cependant, Quentin Knight reconnaît les défis que pose cette initiative. «Atteindre exactement 90 % en dix ans est une question, mais il faut au moins commencer à avancer dans cette direction. Aujourd’hui, les progrès sont beaucoup trop lents pour espérer atteindre les objectifs climatiques.»

Des inquiétudes économiques

L’un des arguments principaux des opposants concerne les répercussions économiques. Certains craignent une augmentation des prix qui affecterait directement les ménages suisses. Quentin Knight admet que ce sujet est sensible: «C’est un argument légitime, et il faudra garantir une application socialement juste. L’idée est de s’assurer que personne ne soit laissé pour compte, notamment les populations les moins aisées.»

Le texte reste général, ce qui alimente les interrogations. «C’est une initiative constitutionnelle, donc elle ne rentre pas dans les détails de l’application. Cela viendra plus tard. Mais il sera essentiel de veiller à ce que l’impact économique soit maîtrisé et que les efforts soient équitablement répartis.»

Responsabilité collective et justice sociale

Au cœur de cette initiative se trouve une notion de responsabilité collective. «Quand je parle de responsabilité, je pense surtout aux grandes entreprises et multinationales, souligne Quentin Knight. «Mais l’initiative incite aussi la population à agir, chacun selon ses capacités. Il ne s’agit pas d’imposer des sacrifices démesurés, mais de trouver un équilibre pour préserver un avenir viable.»

Pour les Jeunes Verts, il ne s’agit pas seulement de répondre à des impératifs environnementaux, mais aussi de repenser l’économie pour la rendre durable. «Nous devons faire en sorte que notre économie ne puise pas dans les ressources plus vite que la planète ne peut les régénérer. Cela implique de rompre avec une logique court-termiste.»

Une campagne sous tension

Alors que la campagne bat son plein, le représentant des Jeunes Verts se montre prudent quant à l’issue du vote. «Ce ne sera pas évident. Mais c’est ce que la science nous demande de faire. Si nous voulons protéger le futur de nos enfants, nous devons respecter ces limites.»

Il reconnaît que convaincre la population ne sera pas facile. «Il y a un écart entre ce que nous devons faire et ce que nous voulons faire. Mais si nous continuons à dépasser les limites planétaires, nous mettons en péril notre futur et celui des générations à venir.»

Malgré les défis, Quentin Knight voit dans cette campagne une opportunité : «C’est l’occasion de parler de ces sujets cruciaux, d’amener le débat sur la table. Nous espérons que les électeurs feront preuve de sagesse. Mais quoi qu’il arrive, cette initiative aura permis de mettre en lumière des enjeux essentiels.»