Suisse

Inondations: la ville éponge pour prévenir les dommages

14.06.2022 11h01

Inondations: la ville éponge pour prévenir les dommages

Des pluies torrentielles étaient tombées en juin 2018 à Lausanne, entraînant de nombreux dégats matériels (archives)

Photo: KEYSTONE/VALENTIN FLAURAUD

Le développement urbain devrait être davantage adapté aux changements climatiques et fondé sur les risques qui intègrent la gestion durable des eaux pluviales. La ville éponge est un concept pour prévenir les inondations et atténuer l'impact de la chaleur.

Du fait des changements climatiques et d'un 'milieu toujours plus imperméable en raison de l'urbanisation vers l'intérieur, le risque d'inondation lié au ruissellement après des pluies intenses augmente', a indiqué mardi l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) dans un rapport.

Conjuguant évaporation, infiltration, rétention, inondation temporaire et corridors d'écoulement de secours, le concept de ville éponge se profile. Les surfaces à revêtement dur telles que les places des villes ou les zones de stationnement pourront par exemple être utilisées comme des réservoirs provisoirement inondables lors des épisodes de fortes précipitations.

Dans ce cadre, l’eau ne s’infiltre pas dans le sol: elle est uniquement stockée afin de s’écouler ensuite, de manière différée, via des dispositifs de régulation. 'Lorsqu’ils sont utilisés stratégiquement et bien répartis sur l’ensemble du territoire, ces volumes peuvent contribuer à atténuer temporairement les débits de pointe', a précisé l'OFEV.

En raison de leur volume important et de leur situation en contrebas, les ouvrages tels que les passages souterrains, les tunnels, les caves inutilisées voire, dans certains cas, les garages souterrains, pourraient aussi se prêter à la rétention des eaux pluviales, s’ils peuvent être fermés ou évacués en un laps de temps raisonnable. L’avantage de cette deuxième utilisation en tant que bassins de rétention lors des épisodes pluvieux est un gain de place.

'Toutefois, cet usage doit être précisé dans un plan d’urgence afin d’éviter que des personnes ou des objets ne se trouvent dans l’ouvrage au moment des fortes précipitations. L’étanchéité et la statique des ouvrages doivent être garanties', peut-on lire dans le rapport.

Ancrer dans la loi

Pour l'OFEV, l’approche basée sur les risques et visant à prévenir les dommages provoqués par le ruissellement doit être inscrite dans les bases légales. 'C’est là une étape essentielle pour renforcer le développement urbain adapté aux changements climatiques et pour faciliter son exécution dans les processus de planification et d’autorisation de construire. Cet ancrage est donc réclamé instamment par les spécialistes'.

Les questions en suspens concernant l’aspect multifonctions des surfaces et des infrastructures doivent être clarifiées. Pour l’instant, l’orientation vers le concept de la ville éponge, prévoyant l’évaporation sur place et le stockage de l’eau en vue des périodes sèches, n’est pas ou que partiellement ancrée.

Le rôle des cantons est ainsi essentiel. En tant qu’organes compétents pour l’exécution de l’évacuation des eaux urbaines et de l’aménagement des cours d’eau, ils peuvent exiger que les communes intègrent la bonne gestion des eaux pluviales et la prévention intégrale des dangers dans leurs instruments de planification.

Grâce à des modèles d’actes normatifs (lois sur les constructions, règlements d’assainissement, etc.), ils peuvent favoriser, au sein des communes, l’ancrage juridiquement contraignant pour les propriétaires fonciers de principes efficaces tels que des taxes conformes au principe de causalité pour l’évacuation des eaux pluviales via les canalisations publiques.

/ATS