Suisse

Jeune homme condamné pour avoir assassiné un SDF à Zurich

12.04.2023 15h14

Jeune homme condamné pour avoir assassiné un SDF à Zurich

Drogué et alcoolisé, le jeune accusé a frappé à mort l'homme sans domicile fixe, installé sur ces bancs, après avoir constaté qu'il ne pouvait rien lui voler (archives).

Photo: KEYSTONE/ALEXANDRA WEY

Le Tribunal de district de Zurich condamne un homme de 21 ans à vingt ans de prison pour avoir assassiné un sans domicile fixe en septembre 2021. Il commue sa peine en mesure de thérapie stationnaire en milieu fermé. Le prévenu souffre d'un trouble de la personnalité.

Les faits se sont déroulés au petit matin du 19 septembre 2021 à Zurich-Altstetten. Le jeune Suisse se trouve alors sur le chemin du retour à son domicile après être sorti en boîte durant la nuit. Il voit un SDF dormant sur un banc dans son sac de couchage, l'insulte et le roue de coups de poing et de pied jusqu'à ce qu'il en meure. Il filme son acte avant d'en partager les images.

Ivresse criminelle pleine de frustration

Face à la Cour, l'accusé a dit avoir voulu d'abord dévaliser sa victime, âgée de 66 ans et sans le sou, et avoir agi par frustration, sous l'effet de la cocaïne et de l'alcool. Au cours de l'enquête pénale, il avait déclaré avoir soupçonné le SDF de pédophilie et avoir voulu lui donner une leçon.

Peu avant son acte assassin, il avait notamment brisé une vitre de voiture et mis le feu à un container. Après son arrestation, les enquêteurs ont trouvé sur son téléphone portable de la pornographie enfantine et zoophile.

Récidiviste

Dans son jugement rendu mercredi à l'issue du procès, le tribunal a reconnu le prévenu coupable d'assassinat, de représentation de la violence, de pornographie, de lésion corporelle et de dommage à la propriété. Le jeune homme est un récidiviste. Quelques mois avant son acte assassin, il avait tabassé un passant près de la gare centrale de Zurich

L'expertise psychiatrique attestant d'un grave trouble de la personnalité du prévenu, ce qui diminue sa responsabilité, la Cour a commué la peine en thérapie stationnaire, en accord avec l'accusation et la défense. L'accusé n'en sortira que lorsqu'il ne représentera plus un danger. Son placement doit durer au moins cinq ans, renouvelables autant de fois que nécessaire.

'Petit internement'

Cette mesure est aussi appelée 'petit internement' dans le jargon juridique. Si la thérapie est un succès rapide, la peine de prison entre aussitôt en force. Si elle échoue, un internement simple peut être ordonné a posteriori.

Concernant la lourdeur de la peine commuée, la défense avait demandé qu'elle n'excède pas 12 ans de prison. Le tribunal a suivi toutefois entièrement le réquisitoire de la procureure qui avait exigé une peine de 20 ans. La sanction est assortie d'une amende de 400 francs.

Dans l'énoncé du jugement, le président du tribunal a souligné la 'brutalité sans scrupule' de l'accusé, son 'indifférence effrayante face à sa victime' et 'l'absurdité de son acte' assassin. Il constate que le jeune homme a probablement agi 'par frustration face à sa propre situation dans la vie'. Le juge l'a appelé à 'saisir sa chance' dans le cadre de la thérapie en travaillant sur lui-même et sur son acte.

Violent et agressif dès l'enfance

L'expertise psychiatrique réalisée sur l'accusé témoigne d'un trouble de la personnalité antisociale. En y ajoutant la consommation d'alcool et de drogue du jeune homme, ses risques de récidive sont élevés à ce stade.

Dès sa prime jeunesse, le prévenu a rencontré des problèmes de violence et d'agressivité. Pour cette raison, ses parents l'ont parfois placé dans un cadre spécialisé. Adolescent, il a mis fin à un apprentissage après une semaine avant de passer ses jours à errer et à consommer de la drogue.

/ATS