Suisse

L'ESA dévoile son troisième catalogue de données sur la Voie lactée

13.06.2022 11h43

L'ESA dévoile son troisième catalogue de données sur la Voie lactée

Représentation artistique de la sonde Gaia.

Photo: Sonde: ESA/ATG medialab; Milchstrasse: ESA/Gaia/DPAC

La mission Gaia de l'Agence spatiale européenne (ESA) a dévoilé lundi son troisième catalogue de données sur la Voie lactée. Cette nouvelle moisson comprend des détails plus précis sur près de deux milliards d'étoiles de notre galaxie.

Cartographier en trois dimensions la Voie Lactée avec une précision encore inégalée: c’est l’objectif de la mission Gaia lancée en 2013 par l’ESA, à laquelle participent une cinquantaine d’institutions et centres de recherche, dont l’Université de Genève (UNIGE).

Positionné à 1,5 million de kilomètres de la Terre, dans la direction opposée à celle du Soleil, le satellite Gaia collecte de précieuses données sur les étoiles grâce à son télescope à deux champs de vision et à sa caméra d’un milliard de pixels. Celles-ci sont traitées par près de 500 chercheurs, principalement basés en Europe.

'La mission Gaia est sans équivalent', explique Marc Audard, maître d’enseignement et de recherche au Département d’astronomie de l’UNIGE, cité lundi dans un communiqué de cette dernière: 'Près de 2 milliards de sources ont été recensées – soit environ 1% du nombre total d’étoiles de notre galaxie - et chacune d’entre elles a été observée en moyenne 50 fois. C’est un vrai projet Big Data'.

Le satellite Gaia recense et observe en continu des étoiles se situant parfois à plusieurs dizaines de milliers d’années-lumière, mais aussi des astéroïdes, des étoiles ayant des planètes extrasolaires et des galaxies lointaines. Son lancement a multiplié par 10'000 le nombre d’objets observés et par un facteur 100 la précision des données.

Croissance exponentielle

Après la publication de deux catalogues, en 2016 et 2018, la mission Gaia dévoile aujourd’hui une nouvelle moisson – Gaia Data Release 3 (DR3) – qui pousse encore plus loin les limites de nos connaissances.

'Chaque nouvelle publication de données Gaia permet une croissance exponentielle des sources et du type de données recensées', explique Laurent Eyer, maître d’enseignement et de recherche au Département d’astronomie de l’UNIGE et coordinateur de l’unité sur la variabilité du consortium.

'Ici, non seulement les positions, les distances et les mouvements des étoiles sont beaucoup plus détaillés, mais nous publions près de dix millions de sources dont l’intensité lumineuse est variable, classifiées et étudiées en détail. De plus, nous avons pu le faire pour près de 30 types de sources variables - telles des étoiles binaires à éclipses ou des étoiles pulsantes, par exemple - contre seulement 6 pour le 'DR2'', ajoute le spécialiste.

Sur son site d’Ecogia, à Versoix, l’UNIGE a notamment mesuré la variabilité de la lumière émise par les étoiles. Un élément particulièrement utile pour déterminer leurs caractéristiques – leur masse et leur rayon par exemple – mais aussi pour calculer les distances dans l’Univers.

Pour traiter cette masse colossale d’informations - 2 milliards de sources et près de 400 milliards de mesures photométriques - l’équipe de l’UNIGE a eu recours à l’intelligence artificielle, plus précisément au 'machine learning' (apprentissage automatique).

A disposition des scientifiques et du public

Gaia a aussi permis d'en apprendre plus sur la composition chimique des étoiles, ce qui permet d'obtenir des informations sur leur lieu de naissance et leur voyage par la suite, donc sur l'histoire de la Voie lactée. Le catalogue publié lundi propose ainsi la plus grande carte chimique de la galaxie.

Ces données sont dès à présent à la disposition de la communauté scientifique mais également du grand public. En outre, le consortium annonce la publication de près de 50 articles scientifiques basés sur le 'DR3' - la plupart signés comme premier auteur ou co-auteur par l’équipe de l’UNIGE - dont 17 proviennent de l’analyse de la variabilité.

Une édition spéciale de la revue Astronomy & Astrophysics y sera consacrée. La parution du catalogue précédent avait généré au total 6000 articles. Les papiers traitant spécifiquement des données Gaia figurent régulièrement parmi les plus cités dans le domaine de l’astronomie. Le satellite doit encore récolter des données jusqu'en 2025.

/ATS