Suisse

L'année 2022 marquée par un triplement de la migration irrégulière

19.01.2023 10h59

Les entrées illégales ont presque triplé en Suisse en 2022

Les jeunes gens interpellés à la gare de Buchs (SG), souvent des Afghans, veulent généralement poursuivre leur voyage vers la France ou la Grande-Bretagne. Paris avait dit craindre la mise en place d'une véritable "filière" traversant la Suisse.

Photo: KEYSTONE/GIAN EHRENZELLER

Le nombre d'entrées illégales a presque triplé en Suisse en 2022. Plus de 52'000 cas ont été enregistrés de janvier à décembre, soit environ 33'000 de plus que l'année précédente. La hausse s'explique surtout par l'afflux de migrants afghans, tunisiens et marocains.

De nombreux migrants illégaux sont arrivés en Suisse en traversant les frontières avec l'Autriche et l'Italie, a indiqué jeudi l'Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières (OFDF), qui a publié les chiffres de janvier à décembre 2022.

Pour le seul mois de décembre, près de 6000 personnes ont été interpellées. Parmi celles-ci, 852 ont été remises à des autorités étrangères.

Les statistiques sont en revanche stables s'agissant des passeurs interpellés. En 2022, l'OFDF en a recensé 476, un chiffre quasi identique à 2021 (478). Ces personnes ont en règle générale été remises aux polices cantonales ou directement aux ministères publics pour une mise en accusation, a précisé l'OFDF à Keystone-ATS.

Afflux post-pandémie

La migration illégale avait reculé durant la pandémie. Mais cet effet a disparu avec la levée des restrictions dans la plupart des pays.

Les arrivées ont connu un nouveau pic dès l'été 2021. Un important afflux a notamment été constaté depuis l'Autriche. Afin de gérer ces arrivées au niveau administratif, le canton de Saint-Gall a ouvert un centre d'enregistrement à Buchs.

Selon les gardes-frontières, de nombreuses personnes entrant en Suisse s'identifient avec une carte de procédure d'asile autrichienne. Les jeunes gens, souvent des Afghans, veulent généralement poursuivre leur voyage vers la France ou la Grande-Bretagne. Paris avait dit craindre la mise en place d'une véritable 'filière' traversant la Suisse.

En septembre dernier, Berne et Vienne se sont mises d'accord sur un plan d'action bilatéral pour lutter contre la migration illégale. Les deux pays ont notamment convenu d'opérations transfrontalières, en particulier contre les passeurs. Des patrouilles communes sont notamment organisées dans les trains.

Serbie montrée du doigt

Des initiatives ont également été prises au niveau international contre les 'Etats tiers'. Plusieurs pays, dont la Suisse, l'Allemagne et l'Autriche, se sont engagés au niveau de l'UE pour 'une limitation des facilitations de visa de certains Etats des Balkans occidentaux'.

Cette démarche a notamment conduit à un changement de pratique de la Serbie, qui exige à nouveau des visas pour les citoyens de Tunisie et du Burundi. Belgrade était auparavant accusée d'être en partie responsable de l'afflux actuel de migrants en Europe.

Environ 100'000 personnes en 2022

En Suisse, l'analyse de la situation migratoire relève en premier lieu du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM). Celui-ci prévoit environ 24'000 demandes d'asile ordinaires pour 2022. Les chiffres définitifs n'ont pas encore été communiqués.

Ce chiffre ne compte pas les 75'000 réfugiés ukrainiens qui devraient avoir obtenu le Statut dit 'S' en 2022. Ce permis offre une protection temporaire sans passer par le processus normal.

Avec cet afflux, la situation s'est tendue sur le front de l'accueil. Les Centres fédéraux d'asile (CFA) ont même été engorgés l'automne dernier, ce qui a conduit la Confédération à attribuer plus rapidement des requérants d'asile aux cantons. Cette mesure a été levée en décembre, grâce à l'aide de l'armée qui a mis à disposition des places supplémentaires. Berne faisait état d'environ 3000 lits disponibles fin 2022.

/ATS