Suisse

La Cour d'appel confirme la peine de Lionel Girardin

09.12.2021 15h56

La Cour d'appel confirme la peine de Lionel Girardin

Photo: KEYSTONE/LAURENT GILLIERON

Lionel Girardin s'est bien rendu coupable de gestion déloyale des intérêts publics. La Cour d'appel pénale du canton de Vaud a confirmé jeudi le verdict de première instance, soit un an de prison avec sursis pour l'ancien municipal socialiste veveysan.

La Cour a maintenu également la peine pécuniaire de 40 jours-amendes avec sursis pendant deux ans. Elle a toutefois abaissé le montant de 100 à 30 francs, en raison de la dégradation de la situation financière de Lionel Girardin. Ce dernier était absent jeudi lors de la lecture du jugement pour cause de maladie.

Cadeaux indirects

Il était reproché au quadragénaire d'avoir mal géré l'argent public servant au fonctionnement de la Fondation Apollo, active dans le logement social. Notamment en attribuant des mandats à sa propre société Operation Project (OP Sàrl), sans appel d'offres et sans en informer clairement le Conseil de fondation d'Apollo.

Il avait notamment établi lui-même un contrat attribuant la gestion des ressources humaines à son épouse. Il s'était également octroyé la gestion d'espaces de coworking dans les locaux trop grands de la Fondation Apollo qu'il avait loués.

Mots durs

Comme le tribunal de première instance dont ils ont pour l'essentiel rejoint les appréciations, les juges cantonaux ont considéré que la culpabilité de Lionel Girardin était relativement lourde. Le président du tribunal a eu des mots assez durs à l'égard du quadragénaire.

Concernant la location de locaux et le coworking géré par la société de Lionel Girardin, ses explications ne convainquent pas du tout, a-t-il relevé. 'On est hors du but social. N'importe qui comprend qu'il s'agit d'une activité commerciale'.

Et quand il se déclare couvert par le Conseil de fondation, il ne s'agit que d'un 'semblant d'approbation' pour mener à bien ces projets. Intelligent, il a fait preuve de manipulation et a identifié les faiblesses du Conseil de fondation, en déployant une 'forte énergie délictueuse', a poursuivi le président.

Devoir d'exemplarité

Suivant l'argumentation du procureur, la Cour a considéré que donner le mandat des ressources humaines à sa femme constituait bien une lésion morale vis-à-vis du public et du contribuable, étant donné que la fondation Apollo vivait de subventions cantonales et communales.

Même le conflit d'intérêts a été contesté. 'On a un refus têtu de la part de Lionel Girardin de reconnaître qu'il a commis une faute', a relevé le président.

Facteur aggravant, son mandat de municipal impliquait qu'on lui fasse confiance. Il aurait dû se montrer exemplaire. Lionel Girardin qui s'est plaint d'un lynchage médiatique - que la Cour a d'ailleurs regretté - et qui s'est dit victime de coups politiques 'est lui-même à l'origine de son malheur', a encore considéré la Cour.

Pas de commentaires

Le bénéfice du doute lui a néanmoins été accordé sur certains points. Notamment concernant les chèques Reka qui étaient offerts aux collaborateurs de la Fondation Apollo et qu'il avait acquis, ne les payant que trois ans plus tard. Selon le procureur, l'ex-municipal n'y aurait pas eu droit en tant que membre du conseil de fondation. Il lui était aussi reproché d'avoir mis 3 ans à régler son dû.

Au final, les juges font état d'un préjudice au détriment de la Fondation Apollo estimé à environ 100'000 francs. Me Ludovic Tirelli qui avait plaidé l'acquittement la veille, estimant que les actes de son client n'étaient pas répréhensibles pénalement, n'a pas souhaité faire de commentaires à l'issue de l'audience. Le Ministère public s'est dit satisfait du jugement et ne fera pas recours au Tribunal fédéral.

Crise à Vevey

Le 4 mai dernier, le Tribunal correctionnel de l'Est vaudois avait condamné Lionel Girardin à douze mois de prison avec sursis. Une peine assortie de 40 jours-amendes à 100 francs, également avec sursis.

L'affaire a plongé la Ville de Vevey dans une crise sans précédent. Exclu du Parti socialiste, suspendu, l'ex-élu de 47 ans n'a plus siégé à la Municipalité à partir de juin 2018. Souffrant de dépression, il est aujourd'hui sans emploi.

/ATS