Suisse

La médecine en Suisse dépend toujours plus de l'étranger (FMH)

23.03.2022 10h54

La médecine en Suisse dépend toujours plus de l'étranger (FMH)

Un risque de pénurie de médecins existe en Suisse.

Photo: KEYSTONE/GAETAN BALLY

Un médecin sur quatre exerçant en Suisse est âgé de 60 ans ou plus, et près de quatre sur dix sont originaires de l'étranger. La FMH tire la sonnette d'alarme face à ce vieillissement et à cette 'dépendance face à l'étranger'.

'Des mesures pour contrer la pénurie de médecins deviennent urgentes', titre la Fédération des médecins suisses (FMH) dans son dernier bulletin publié mercredi. La statistique médicale 2021 montre la poursuite de la tendance au vieillissement du corps médical et à l'augmentation des médecins titulaires d'un diplôme étranger (38,4% du total, +1 point sur un an).

Sur les 39'222 praticiens (+1,9% sur un an) exerçant en Suisse l'an dernier, un sur deux était âgé de 50 ans ou plus et un sur quatre de 60 ans ou plus. La féminisation de la profession s'est poursuivie. Aujourd'hui, la part des femmes dans la profession atteint 44,9% (leur nombre s'est étoffé de près de 700).

Trois à quatre ans plus vieux

En 2005, l'âge moyen du corps médical en ambulatoire s'élevait à 52 ans. Il se situe aujourd'hui à 55 ans. Dans le secteur hospitalier, il est passé de 40 à 44 ans.

Les médecins d'origine étrangère proviennent majoritairement d'Allemagne (52% d'entre eux). Suivent, loin derrière, l'Italie (9,2%), la France (7,2%) et l'Autriche (6%).

LA FMH prévoit que la dépendance vis-à-vis de l'étranger continuera à augmenter. En 2021, 1118 médecins ont obtenu leur diplôme fédéral. La même année, la Commission des professions médicales (MEBEKO) a reconnu 2736 diplômes de médecin étrangers. En ce qui concerne les titres de spécialiste, 1666 médecins ont obtenu un titre fédéral, et 1316 titres diplômes étrangers ont été admis.

La médecine interne générale est la discipline la plus répandue (21,5%), suivie de la psychiatrie et psychothérapie (10%), de la pédiatrie (5,3%) et de la gynécologie et obstétrique (5,1%).

Les hommes opèrent

Les femmes sont nettement majoritaires en pédiatrie (66,8%), psychiatrie et psychothérapie pour enfants et adolescents (66,4%) et en gynécologie et obstétrique (65,8%).

Les hommes sont très nettement majoritaires dans les disciplines chirurgicales (chirurgie orale et maxillo-faciale avec 92,3%, chirurgie thoracique/90,9%, chirurgie orthopédique/86,6%).

Dans le secteur hospitalier, la part des femmes diminue à mesure que l'on monte dans la hiérarchie. Elle est prépondérante chez les médecins assistants (59,5%), importante parmi les chefs de clinique (49,8% ) mais n'atteint que 29,5% chez les médecins adjoints et 15,3% chez les médecins-chefs.

Cela est notamment dû au fait, explique la FMH, que les postes de médecins-cadres et de médecins-chefs sont plus souvent occupés par des personnes appartenant aux tranches d'âge supérieures, dans lesquelles les femmes sont sous-représentées.

Enjeux politiques

La FMH s'interroge: la Suisse disposera-t-elle encore à l'avenir d'assez de médecins pour soigner de manière appropriée les patients? Cela dépendra des décisions politiques à venir, prévient l'organisation.

Les enjeux sont les suivants: l'adoption éventuelle par le Conseil fédéral du nouveau tarif médical (Tardoc, à la place du TarMed) qui renforcerait la médecine de premier recours, la maîtrise des tâches administratives pour les médecins aient assez de temps pour leurs patients, un éventuel plafond des dépenses qui entraînerait les reports de certains traitements.

'La qualité et la performance du système de santé suisse dépendent aussi des conditions dans lesquelles les médecins peuvent exercer leur profession en Suisse', conclut la FMH.

/ATS