Suisse

La santé financière de l'Hôpital fribourgeois inquiète les députés

13.02.2022 10h09

La santé financière de l'Hôpital fribourgeois inquiète les députés

La dizaine de députés fribourgeois qui ont déposé le mandat veulent donner "le signe au niveau politique d’une volonté de sauvetage de l’HFR" (archives).

Photo: KEYSTONE/ANTHONY ANEX

Le monde politique s'inquiète de l'avenir financier de l'Hôpital fribourgeois (HFR). Un mandat multipartite vient d’être déposé, signé par une dizaine d’élus, qui pointe du doigt un budget déficitaire à hauteur de 15,7 millions de francs au moins pour cette année.

Confrontée aux pertes à répétition, l'institution cantonale a annoncé de surcroît le 19 janvier la suppression de 60 emplois. Il n'en fallait pas davantage pour faire réagir le Grand Conseil fribourgeois, pourtant habitué, comme d'autres cantons, à devoir affronter régulièrement la question du financement des hôpitaux.

'Les pertes découlent de la situation paradoxale dans laquelle l’HFR se trouve en pleine pandémie, à l’instar d'autres hôpitaux publics', note le mandat. 'D'une part, les charges augmentent, car il faut engager davantage pour faire face à un absentéisme élevé, dû aussi bien à l’épuisement du personnel qu’à la mise en quarantaine et en isolement d’employés devant être remplacés.'

Baisses de recettes

'D’autre part, les recettes de l’hôpital ont, depuis le début de la pandémie en 2020, connu une baisse importante à la suite du report d’un nombre important d’opérations électives (non urgentes, ndlr)', relèvent les mandataires. Ces derniers demandent en conséquence que l’Etat de Fribourg compense entièrement les baisses de recettes consécutives à la crise sanitaire.

Le mandat propose aussi que 'le canton prenne les mesures nécessaires pour éviter que le risque financier lié à la pandémie ne conduise à des licenciements'. La dizaine d'élus, de tous les partis représentés au Grand Conseil, réclament plus loin que soit appliqué un article de loi fédérale sur le Covid-19.

Celui-ci mentionne que les cantons doivent financer les réserves de capacités nécessaires pour affronter les pics d’activité, afin de renforcer les services de santé sollicités par la crise. Ils définissent par ailleurs les capacités nécessaires en accord avec la Confédération.

Volonté de sauvetage

Appliqué au canton de Fribourg et à l’HFR, cela signifie justement que 'les dotations en personnel ne doivent pas, contrairement aux plans annoncés par l’institution publique, retourner aux dotations en personnel qui valaient en 2019, avant la pandémie', estiment encore les mandataires.

Avec leur instrument, les signataires veulent donner 'le signe au niveau politique d’une volonté de sauvetage de l’HFR', a indiqué la députée PLR Antoinette de Weck, citée dans La Liberté. Ils espèrent que le mandat soit mis rapidement à l'ordre du jour du Grand Conseil, histoire de ne pas en parler une fois les coupes réalisées.

'Il s’agit de montrer la direction vers laquelle le parlement veut aller', a précisé le député PS Simon Zurich, également dans les colonnes du quotidien. Pour rappel, l’HFR a présenté un budget 2022, selon le scénario le plus optimiste, prévoyant une perte de 15,7 millions de francs, pour un chiffre d’affaires de 515,2 millions.

Intérêts annuels

L'établissement multisite a aussi élaboré deux budgets alternatifs intégrant l’évolution de la crise dans le temps, avec des pertes oscillant entre 38,4 millions et 87,6 millions. Le nouveau conseiller d'Etat UDC Philippe Demierre, en charge de la santé, qui a succédé à Anne-Claude Demierre (PS), a donc du pain sur la planche.

A noter que la RTS radio a abordé vendredi le sujet du service de la dette payé par l'HFR. L'institution puise depuis une décennie dans un compte courant mis à sa disposition par le canton, un compte qui serait rémunéré à 1% d'intérêts par an jusqu'à 100 millions et à 3% au-delà.

Sollicité, le conseil d'administration n'a pas voulu s'exprimer. La question a suscité la désapprobation du président du PLR cantonal Sébastien Dorthe, du président du groupe UDC au Grand Conseil Nicolas Kolly et de la présidente du Parti socialiste fribourgeois Alizée Rey, tous les trois interrogés sur les ondes de la RTS.

/ATS