Suisse

Le Conseil des Etats dit non à la retraite à 66 ans

15.03.2023 10h23

Le Conseil des Etats dit non à la retraite à 66 ans

L'initiative pour la retraite liée à l'espérance de vie émane des rangs du PLR. Ici, Johanna Gapany (FR), absente au moment du vote, et Philippe Bauer (NE) en discussion (archives).

Photo: KEYSTONE/ALESSANDRO DELLA VALLE

Les Suisses ne devraient pas travailler jusqu'à 66 ans pour toucher l’AVS. Le Conseil des Etats a rejeté mercredi par 30 voix contre 11 l'initiative des Jeunes PLR, sans contre-projet. Elle arrive trop tôt après le mini oui du peuple à la retraite des femmes à 65 ans.

Le texte 'Pour une prévoyance vieillesse sûre et pérenne' (dite 'initiative sur les rentes') prévoit de relever l'âge de la retraite AVS à 66 ans pour tout le monde. Une fois cette étape atteinte, la hausse serait liée à l'espérance de vie. Cette adaptation serait effectuée tous les ans par tranche de deux mois et serait communiquée aux personnes cinq ans avant leur sortie du monde du travail.

Si 'l'initiative sur les rentes' est acceptée en 2024, la retraite à 66 ans devrait être atteinte en 2033. La retraite à 67 ans interviendrait dès 2043. Celle à 69 ans en 2070. Ce mécanisme permettrait de passer 20% de sa vie à la retraite.

Financer durablement l'AVS

Pour le PLR, le premier pilier doit être urgemment assaini à long terme. 'Aujourd'hui, on va dans le mur. Je ne suis pas prêt à laisser un désastre pour les générations futures', a lancé Josef Dittli (PLR/UR). Andrea Caroni (PLR/AR), membre du comité d'initiative, plaide pour une durabilité des finances de l'AVS.

'L'initiative vise à objectiver le problème de l'âge de la retraite', a soutenu Philippe Bauer (PLR/NE). L'espérance de vie est un argument souvent invoqué, on doit en tenir compte, estime le Neuchâtelois. Tous les dix ans, on vit une année de plus. Il serait normal d'exiger plus de productivité en parallèle, selon Damian Müller (PLR/LU).

En 1948, il y avait plus de six actifs pour payer la rente d'un retraité. Aujourd'hui, il n'y en a plus que trois, selon Thomas Hefti (PLR/GL). La plupart des sénateurs PLR ont défendu le texte des Jeunes PLR dans l'espoir d'obtenir un contre-projet direct ou indirect. En vain.

Mauvais timing

L'initiative tombe mal de l'avis de plusieurs autres élus. 'Rappelons que la réforme AVS21 relevant l'âge de la retraite des femmes à 65 ans a passé de justesse l'automne dernier et n'est même pas encore entrée en vigueur', a dit Alex Kuprecht (UDC/SZ).

La gauche a aussi critiqué le projet. L'espérance de vie n'est pas la même pour tout le monde et partout. Entre Obwald et Glaris, il y a une différence de plus de quatre ans, selon Hans Stöckli (PS/BE). Il faut tenir compte des différences socio-économiques, a renchéri Marina Carobbio (PS/TI).

Le projet n'apporte pas le bon remède, a poursuivi Charles Juillard (Centre/JU). Le Jurassien ne veut pas d'une 'règle froide, aveugle, sans coeur' pour une question qui touche toute la société. Pas question d'inscrire un automatisme aussi rigide entre l'espérance de vie et l'âge de la retraite dans la Constitution, a abondé Pirmin Bischof (Centre/SO), rapporteur de la commission.

Nouvelle réforme à venir

'Ce n'est pas comme si on ne faisait rien dans ce domaine', a relevé le ministre de la santé Alain Berset. Des travaux sont déjà en cours pour la suite. Le Conseil fédéral doit en effet soumettre d’ici fin 2026 un projet de stabilisation de l'AVS pour la période de 2030 à 2040.

Par ailleurs, le Parlement planche sur la réforme du deuxième pilier. 'La votation l'an prochain sur la LPP ne sera pas une promenade de santé', a averti le conseiller fédéral. Il faut déjà y parvenir. Pour lui, la situation de l'AVS est bonne et la planification pour le plus long terme est adéquate.

Le Conseil national doit encore se prononcer. Le comité d'initiative est composé d'une trentaine de membres du parti libéral-radical, dont les conseillers nationaux Philippe Nantermod (VS) et Christian Wasserfallen (BE) et les conseillers aux Etats Thierry Burkart (AG) et Andrea Caroni (AR). La députée au Grand Conseil genevois Diane Barbier-Müller et l’ancien vice-président des Jeunes PLR suisses Nicolas Jutzet en font aussi partie.

/ATS