Suisse

Le National d'accord avec les tirs préventifs du loup

08.12.2022 11h24

Le National d'accord avec les tirs préventifs du loup

Le Parlement veut réguler la population de loups (archives).

Photo: KEYSTONE/FABRICE COFFRINI

Les loups pourront être tirés préventivement. Le National s'est rallié jeudi par 106 voix contre 74 et 12 abstentions au projet qu'a élaboré la Chambre des cantons en vue d'une régulation plus efficace du prédateur.

La législation en vigueur n'admet la régulation du canidé qu'après l'apparition d'importants dommages ou d'un grave danger. Mais elle ne suffit plus. Le Conseil des Etats a donc élaboré un projet proposant que les loups puissent faire l'objet d'une régulation proactive à l'instar des bouquetins. Concrètement, il doit être possible de tirer le prédateur avant qu'il s'en soit pris à des proies.

'Le loup est parmi nous. Il s'attaque désormais aux cheptels en plaine. Il faut agir avant qu'un drame humain ne survienne', a déclaré au nom de la commission Pierre-André Page (UDC/FR). Si on ne résout pas un problème, il ne se résoudra pas tout seul, a renchéri Nicolo Paganini (Centre/SG).

Débat émotionnel

Beaucoup d'élus de droite ont insisté sur la douleur des agriculteurs au moment de trouver leurs bêtes mortes ou demi-mortes. Ce risque devient toujours plus grand avec l'augmentation des populations du prédateur.

La Suisse compte aujourd'hui quelque 180 loups et au moins 17 meutes. Leur population pourrait doubler en trois ans. Le projet de loi est très ciblé, capable de convaincre la majorité, a souligné Stefan Altermatt (Centre/SO).

Le Conseil fédéral soutient aussi la régulation proactive. La seule protection des troupeaux ne suffit plus aujourd'hui, a déclaré la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga. Le projet actuel tient cette fois compte des critiques qui avaient mené à l'échec de la loi il y a deux ans. Il s'agissait notamment des nouvelles compétences pour les cantons jugées problématiques.

Faux espoirs

La gauche et le PVL n'ont pas réussi à renverser la vapeur. 'Il ne faut pas rendre le débat plus émotionnel qu'il ne l'est', a tenté Ursula Schneider-Schüttel (PS/FR). Le projet actuel n'est pas compatible avec la Convention de Berne, selon elle.

'Appliquer le modèle des quotas au loup, c'est donner de faux espoirs aux agriculteurs', a souligné Christophe Clivaz (Vert-e-s/VS). L'élimination du prédateur n'a d'effet que s'il est lié à un danger effectif sur des troupeaux. Il a rappelé que cette année la Confédération avait délivré pas moins d'une vingtaine d'autorisations de tir.

Pour Beat Flach (PVL/AG), le projet devait être amélioré. Oui, il est justifié de pouvoir tirer des loups problématiques s'ils perdent leur crainte des humains ou s'approchent trop près des habitations. Mais l'augmentation des populations du prédateur doit être acceptée. 'C'est la nature qui est parfois cruelle'.

Pas de conditions plus sévères

Plusieurs intervenants ont répété en vain le rôle du loup dans la régulation de la faune et dans la protection des forêts mises à mal par les cerfs. En vain. Les députés ont rejeté par 103 voix contre 91 une proposition qui visait à limiter les conditions de tir.

Matthias Samuel Jauslin (PLR/AG) soutenu pourtant par le PVL, les Vert-e-s et le PS proposait que les tirs proactifs soient autorisés si tant est qu'ils ne mettent pas en danger l'effectif régional des loups et n'interviennent que pour prévenir un dommage important. Mais le tir aurait été permis toute l'année.

Les députés ont par contre rejeté sur le fil par 96 voix contre 92 et 7 abstentions une proposition de Simone de Montmollin (PLR/GE) demandant que le loup qui cause des dommages significatifs puisse être abattu également dans les districts francs où la faune sauvage est protégée.

/ATS