Suisse

Les députés vaudois soutiennent la stratégie vélo 2035

20.09.2022 17h14

Les députés vaudois soutiennent la stratégie vélo 2035

Le Grand Conseil vaudois a longuement débattu mardi sur la stratégie vélo 2035, qui vise à largement augmenter les aménagements pour les cyclistes (photo d'illustration).

Photo: KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT

La petite reine a accaparé le Grand Conseil vaudois mardi. Après de longues discussions, les députés ont accepté en premier débat de valider la stratégie vélo concoctée par le Conseil d'Etat.

Présentée en novembre dernier, cette stratégie vise à ce que le vélo représente 10% des déplacements dans le canton de Vaud en 2035, contre une part de 2,2% en 2015 (derniers chiffres à disposition). Cela passera, entre autres, par un développement des aménagements réservés aux cyclistes, de 180 km actuellement à 500 km d'ici quinze ans.

Pour lancer ce vaste programme, le Conseil d'Etat a soumis deux premiers crédits au Parlement. Le premier, de 28,6 millions de francs, doit servir à financer des études, promouvoir le cyclisme et créer un Centre de compétence vélo au sein de l'Etat, doté de dix postes. Le second crédit, de 13,25 millions, constitue un subventionnement pour aménager le réseau cyclable cantonal.

Retard vaudois

'Cette stratégie 2035 est le chaînon manquant dont notre canton à besoin', a estimé le socialiste Jean Tschopp. Il a rappelé le retard vaudois avec les deux-roues, prenant l'exemple du canton de Berne où la barre des 10% de déplacements à vélo a déjà été atteinte. 'Bon pour la planète et la santé', le vélo dispose d'une marge de progression 'énorme' en terre vaudoise, a-t-il dit.

La Verte Alice Genoud a aussi martelé la nécessité de donner 'un coup de boost' à la pratique du vélo. Cela doit se concrétiser par des montants financiers et humains 'en rapport avec les enjeux'. Elle a souligné l'importance de déployer une 'stratégie globale' pour l'ensemble du canton, et plus seulement par 'des réalisations par à-coups', afin notamment d'assurer la continuité du réseau cyclable.

'Accaparement de terres'

L'enthousiasme de la gauche n'a pas été partagé par plusieurs élus de droite, surtout dans les rangs de l'UDC. Ces députés ont critiqué le montant prévu pour les études, les dix collaborateurs que l'Etat veut embaucher pour le Centre de compétences vélo et, surtout, le remplacement de surfaces d'assolement (les terres agricoles les plus productives) par des pistes cyclables.

'Trop, c'est trop', a dit l'UDC Jean-François Thuillard, jugeant le projet 'disproportionné'. Rapporteur de la majorité de la commission, il a indiqué que 100 hectares de surfaces d'assolement (SDA) seraient 'mangés' et que les compensations financières ne seraient pas satisfaisantes pour les agriculteurs. 'C'est du vol autorisé', a-t-il affirmé.

Les autres opposants ont, eux aussi, déploré 'un accaparement de terres' ou encore 'le coût excessif' des études prévues. D'autres ont dénoncé une 'injustice', sachant que les cyclistes n'auraient pas à payer pour les aménagements prévus pour eux. Ils ont aussi été plusieurs à relever qu'il y avait peu d'intérêt à développer un réseau cyclable en campagne, où les usagers sont, selon eux, peu nombreux.

Certaines voix à droite, malgré quelques réserves, ont suivi le Conseil d'Etat. Cela a notamment été le cas du PLR Aurélien Clerc qui a défendu la volonté de 'créer de l'espace en plus' pour permettre aux cyclistes de circuler en toute sécurité. Selon l'ancien coureur professionnel, il est urgent que Vaud consacre 'de gros montants sur la durée' pour rattraper son retard en matière de mobilité douce.

Taxe vélo?

Intervenant en fin de débat, la conseillère d'Etat en charge du dossier, Nuria Gorrite, a répondu aux diverses critiques. Elle a notamment relevé que l'emprise sur les SDA était nécessaire pour assurer la sécurité des cyclistes, sans rogner la place dévolue aux voitures ou aux camions. Leur utilisation demeure, par ailleurs, admissible au vu d'autres usages, par exemple pour des routes ou des constructions de bâtiments.

Pour rassurer les députés, la ministre socialiste a aussi confié que la question d'une 'taxe vélo' serait examinée pour que les cyclistes contribuent, éventuellement, au financement des infrastructures.

Mme Gorrite a encore insisté sur la responsabilité des autorités de laisser aux Vaudois le choix de leur mode de déplacement. Un choix qui n'est aujourd'hui pas possible, faute d'infrastructures suffisamment sûres pour la pratique du vélo, selon elle.

Refusés en commission, les deux crédits soumis par le Conseil d'Etat ont passé la rampe devant le plénum grâce aux voix de la gauche, additionnées à celles issues de certains PLR et des Vert'libéraux. Un second débat, qui aura lieu avant les vacances d'automne, doit encore avoir lieu.

/ATS