Suisse

Les parents d'un djihadiste genevois sur le banc des accusés

20.08.2024 19h05 Rédaction

widmann

Le procès des parents d’un djihadiste genevois s'est ouvert lundi devant le Tribunal pénal fédéral. Ils sont accusés d’avoir financé l’organisation Etat islamique par des versements de sommes d’argent destinées à leur fils. La journaliste et réalisatrice Anne Frédérique Widmann a réalisé plusieurs documentaires sur cette affaire.

Comme la plupart des parents d'enfants partis faire le djihad, la mère de ce Genevois est dévastée. Anne Frédérique Widmann l'a rencontrée peu après le départ de son fils en 2015. «Elle était détruite, dans le déni», raconte la réalisatrice du magazine Temps présent. «Elle a vécu l'indicible... Voir son fils disparaître du jour au lendemain, ne plus entendre parler de lui pendant des mois. Pour ensuite apprendre qu'il a rejoint une zone de guerre...», résume la journaliste.

Pas de rapatriement

Le djihadiste genevois est actuellement détenu dans une prison kurde. Anne Frédérique Widmann l'a rencontré. Elle évoque des conditions de détention précaires, que l'ONU considère à la limite du crime de guerre. «Ils sont nombreux dans les cellules, souffrent de malnutrition et une épidémie de tuberculose sévit», décrit-elle.

De son côté, la Suisse se garde de rapatrier ce ressortissant genevois, de par le danger que représente un djihadiste pour la population. Pourtant, la Suisse est tenue de s'assurer que ses citoyens détenus à l'étranger sont traités dignement, qu'ils ont accès à la défense et qu'ils seront jugés un jour. «Trois choses pas respectées aujourd'hui», constate Anne Frédérique Widmann. 

Aider son fils ou financer l'État Islamique?

Dès 2018, les familles comme celle du Genevois ont commencé à recevoir des appels de leurs fils en demandant de l'argent pour les aider à s'enfuir. Pour cette maman genevoise, ce sont près de 40'000 francs envoyés à son fils en une quinzaine de transactions qui sont reprochés par la justice. En cause, cet argent aurait pu servir à financer l'État Islamique. Aujourd'hui, la mère doit se défendre à Bellinzone en ultime instance de la justice helvétique.

Pour la journaliste, la situation est délicate: «Je pense que chacun d'entre nous doit se poser la question, si j'avais mon enfant qui m'appelait en me disant "maman j'ai besoin de 40'000 francs pour m'échapper avec ma femme et mon enfant", qui d'entre nous ne paierait pas cet argent?». En Suisse, quatre familles, dont trois romandes, ont vu leur fils s'en aller du jour au lendemain pour rejoindre le djihadisme.