Suisse

Les primes d’assurance-maladie vont augmenter en moyenne de 9,1% à Genève

26.09.2023 14h03 Martin Esposito, Delphine Palma, ATS

[Symbolbild] Verschiedene Schweizer Krankenversicherungskarten, fotografiert am Dienstag, 25. April 2023 in Bern. (KEYSTONE/Christian Beutler) [Symbolbild] Verschiedene Schweizer Krankenversicherungskarten, fotografiert am Dienstag, 25. April 2023 in Bern. (KEYSTONE/Christian Beutler)

La santé coûte toujours plus chère en Suisse. Les assurés vont débourser en moyenne 359,50 francs par mois en 2024 pour les primes maladie (+8,7%). Il s'agit de la 3e hausse la plus élevée depuis l'introduction de la Loi sur l'assurance maladie (LAMal) en 1996.

+8.7%, c’est l’augmentation des primes en moyenne en 2024, soit 28.70 francs en valeur absolue. Il s'agit de la 3e hausse la plus élevée depuis l'introduction de la Loi sur l'assurance maladie en 1996. 

La hausse moyenne des primes en 2024, la plus forte depuis 2010, est "une très mauvaise nouvelle pour les ménages", a dit le ministre de la santé Alain Berset mardi devant la presse à Berne. Il est possible de faire quelque chose, "mais à un moment il faut faire des lois".

Attention toutefois à ne pas déconstruire notre système de santé, qui est bon, a estimé le Fribourgeois, qui annonçait les coûts des primes pour la dernière fois: "Ce n'est pas un exercice qui va beaucoup me manquer", a-t-il lâché.

Genève : la prime la plus élevée

Trois cantons enregistrent des hausses de plus de 10%, sans pour autant enregistrer les primes les plus élevées au final. Il s'agit du Tessin (+10,5%), de Zoug (+10,2%) et d'Argovie (+10,1%). Les cantons latins connaissent parmi les hausses les plus élevées de Suisse avec plus de 9%. L'augmentation est de 9,9% dans le canton de Vaud (400,80 francs), de 9,8% à Neuchâtel (417,20 francs), de 9,6% à Fribourg (339,40 francs), et de 9,1% à Genève et dans le Jura (388,60 francs pour ce dernier). Le Valais est un peu mieux loti avec une hausse de 8,6% (334,50 francs), tout comme Berne, (+8,3%, 367 francs).

Pierre Maudet: "Cette hausse est intolérable pour la population"

Genève est déjà le canton où les primes sont les plus élevées de Suisse. La prime moyenne mensuelle sur toutes les classes d'âge va augmenter de 9,1%, passant de 416,30 francs en 2023 à 454,40 francs l'an prochain. La hausse moyenne suisse se situe, elle, à 8,7%.

Le conseiller d'Etat estime que la population ne peut plus faire face et voit son pouvoir d'achat se réduire "sans que personne n'en assume la responsabilité". "La question est donc de savoir ce que l'on fait, maintenant, pour mettre fin à un système opaque qui a définitivement atteint ses limites", a-t-il relevé.

Alors que leur marge de manoeuvre est extrêmement réduite, les cantons doivent reprendre la main, a indiqué M. Maudet. Selon lui, il faut mettre en place une caisse publique, "qui doit amener davantage de transparence et restaurer la confiance de la population."

La palme de la prime la plus élevée revient à Genève avec 454, 40 francs, suivi de Bâle-Ville (451,10 francs) et du Tessin (430, 10 francs). Les Appenzellois de Rhodes-Intérieures sont les plus chanceux de Suisse avec une prime moyenne de 246,10 francs.

La hausse des coûts est, elle, due à des facteurs multiples: le vieillissement démographique, de nouveaux médicaments et traitements ainsi qu'une augmentation des prestations de santé, par exemple les prestations ambulatoires en milieu hospitalier ou en physiothérapie, avance l'OFSP.

Prix des médicaments

Le prix des médicaments est montré du doigt. L'an dernier, les médicaments représentaient 22% des coûts de l'assurance obligatoire des soins (AOS). En comparaison annuelle, les coûts liés aux médicaments grimpent plus fortement que les autres. L'augmentation la plus importante concerne les médicaments anticancéreux, les immunosuppresseurs et les antidiabétiques, qui sont à l'origine en 2023 de 50% de la hausse des coûts par assuré.

Le Conseil fédéral a transmis au Parlement deux volets de mesures visant à contenir les coûts dans le domaine de l'assurance-maladie, rappelle l'OFSP. Le Parlement discutera du deuxième volet déjà au cours de l'actuelle session parlementaire.

Réduction des réserves

De forts effets de rattrapage liés à la pandémie ont entraîné des coûts plus élevés, avec pour conséquence une perte liée aux activités d'assurance de 1,7 milliard de francs en 2022. A cela s'ajoutent des pertes sur placement de 1,8 milliard dues à une situation difficile sur les marchés des capitaux, ce qui correspond à un rendement négatif de -11%. Les pertes ont été entièrement compensées par les réserves.

L'OFSP n'est guère rassurant : il avance qu'en raison des progrès médico-techniques et de l'évolution démographique, les coûts de la santé continueront d'augmenter. Cette augmentation doit être limitée à un niveau médicalement justifiable, sans pour autant diminuer la qualité des soins, préconise-t-il.

Faut-il changer d'assurance?

Selon les experts, les ménages suisses peuvent atténuer l'augmentation attendue des primes d'assurance-maladie. Il serait possible d'économiser des centaines de francs par mois. Si les assurés changent par exemple de prestataire d'assurance maladie et choisissent le modèle d'assurance le plus avantageux, ils peuvent amortir quelque peu le "choc", avertit ainsi par exemple le service suisse de comparaison en ligne Moneyland.ch.

Moneyland ainsi que le service de comparaison Comparis conseillent en outre aux assurés adultes de toujours choisir la franchise la plus élevée (2500 francs) ou la plus basse (300 francs) auprès de leur caisse maladie. "Une franchise qui se situe entre ces deux valeurs n'est pas rentable d'un point de vue financier".

Lourd échec, choc, honte: les partis virulents sur les primes

Les principaux partis ont tous exprimé leur indignation, pour des raisons diverses, après la forte hausse des primes maladie annoncée mardi. Ils proposent des remèdes très différents.

En plus de douze ans de gestion socialiste de la santé à Berne et dans les cantons, le constat est éloquent", tonne le PLR. "Les coûts n'ont cessé d'augmenter et de nombreuses prestations ont été ajoutées au catalogue de base". Pour le PLR, il s'agit là d'un "lourd échec". Le système santé est devenu "gargantuesque", ajoute-t-il. "C'est un aveu d'échec." Comme alternative, le parti propose un modèle d’assurance "budget" qui permettrait de payer jusqu’à 25% de primes en moins et "sans restreindre la liberté de choix".

Le PS réplique en fustigeant la droite: "La population n'en peut plus d'attendre des allègements. En refusant d'agir, la majorité de droite et du centre au Parlement met sous pression le pouvoir d'achat des ménages", dénonce-t-il. "Les partis bourgeois ferment les yeux, c'est irresponsable", poursuit-il, eu égard au renchérissement général des prix. Le parti à la rose plaide pour son remède, visant à limiter les primes à 10% du revenu, et vilipende le modèle "antisocial" des primes par tête.

"Classe moyenne doublement pénalisée"

L'UDC s'attaque au "bilan honteux" du ministre de la Santé Alain Berset. "Sous son règne, les primes ont explosé de plus de 40%", relève-t-il. Aux yeux du parti, la classe moyenne passe deux fois à la caisse: pour payer ses primes mais aussi, via les impôts sur le revenu, celles "des requérants d'asile, des immigrés et des spécialistes de l'optimisation". L'UDC réclame des franchises plus élevées pour les requérants. Les soins pour cette catégorie de personnes devraient en outre "être limités au minimum absolu".

Le Centre parle d'un "choc des primes" qui touche en particulier la classe moyenne et les familles, déjà très affectées par l'inflation générale. "Cela ne peut pas continuer ainsi", souligne le parti, qui met en avant son initiative "pour un frein des coûts de la santé". Ce texte est le seul qui s'attaque à "la racine des problèmes et permet une solution durable", dit-il.

"Défaillance"

Les Vert-e-s parlent aussi d'un "choc des primes" et d'une "défaillance du système de santé". Le parti rappelle sa proposition: l’introduction de primes d’assurance-maladie proportionnelles au revenu. Une telle demande a été déposée dans les deux Chambres.

L’indexation des primes au salaire – un système que la Suisse connaît déjà par exemple dans le cas de l’assurance-accidents – permettrait une répartition beaucoup plus équitable des coûts de la santé en fonction des moyens de chacun, estime le parti.