Suisse

Nouveaux modèles sismiques disponibles pour l'Europe

28.04.2022 12h00

Nouveaux modèles sismiques disponibles pour l'Europe

La Turquie (comme ici à Izmir en octobre 2020), l'Italie, la Roumanie et la Grèce concentrent près de 80% des dégâts imputables aux tremblements de terre en Europe (archives).

Photo: KEYSTONE/AP/EMRAH GUREL

En moyenne, les tremblements de terre provoquent en Europe des pertes économiques de sept milliards de francs par année et coûtent la vie à 900 personnes. De nouveaux modèles pour mieux prévenir ces risques ont été élaborés en collaboration avec l'EPF de Zurich.

Une équipe de sismologues, de géologues et d'ingénieurs de toute l'Europe, avec, dans un rôle moteur, le Service sismologique suisse et le Groupe de sismologie et de géodynamique à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), a créé le premier modèle de risque sismique pour l'Europe.

Ces travaux ont été financés par le programme Horizon 2020 de l'Union européenne. Ils constituent 'un pas important pour la sécurité en Europe', a déclaré Domenico Giardini, professeur de sismologie à l'EPFZ, jeudi lors d'un point de presse en ligne.

La mise à jour récemment publiée du modèle d'aléa sismique ainsi que ce nouveau modèle de risque améliorent considérablement la connaissance des endroits où de fortes secousses sont les plus susceptibles de se produire ainsi que l'impact attendu des futurs séismes.

Mise à jour et harmonisation

Les tremblements de terre ne peuvent être ni prévus avec précision ni prévenus, mais des mesures d'atténuation peuvent réduire de manière significative leurs effets, selon les auteurs.

Les modèles européens 2020 d'aléa et de risques sismiques offrent des informations sur la répartition des niveaux attendus de secousses du sol, leur fréquence ainsi que leur impact potentiel sur les bâtiments et la population. Tous les jeux de données sous-jacents ont été mis à jour et harmonisés - une tâche complexe compte tenu de la grande quantité d'informations et de la large diversité du contexte tectonique en Europe.

Une telle approche est essentielle pour établir des stratégies transnationales efficaces qui facilitent la définition de politiques d'assurance ou la rédaction de codes de construction à jour au niveau européen (Eurocode 8) et au niveau national. L'Eurocode 8 fixe les normes recommandées pour la construction parasismique et la rénovation des bâtiments et des structures.

Italie et Turquie

L'aléa sismique décrit les secousses potentielles du sol et se base sur les connaissances relatives aux évènements passés, à la géologie, à la tectonique et aux conditions locales du sol. Le précédent modèle datait de 2013. Le risque sismique décrit quant à lui les dégâts et les victimes à attendre compte tenu de la densité de population et des constructions.

Selon les experts, des villes comme Istanbul et Izmir en Turquie, Catane et Naples en Italie, Bucarest en Roumanie et Athènes en Grèce sont à haut risque. En Suisse, Bâle se situe au-dessus de la moyenne par rapport à d'autres villes comme Berlin, Paris ou Londres.

De manière générale, la Turquie, l'Italie, la Roumanie et la Grèce concentrent près de 80% des dommages imputables aux tremblements de terre en Europe, estimés à 7,2 milliards de francs par an en moyenne. Et plus des trois quarts des 900 victimes annuelles sont à déplorer en Italie et en Turquie.

En Suisse aussi

Les experts ont calculé que si les bâtiments à risque dans ces deux pays étaient assainis selon les normes de l'Eurocode 8, la moyenne annuelle des décès en Europe pourrait être abaissée de 50% et celles des pertes économiques d'au moins 30%. En Suisse, le risque sismique est estimé à 57 millions de francs de pertes économiques par an.

Le consortium EFEHR (European Facilities for Earthquake Hazard and Risk) continuera à développer de tels modèles pour l'Europe en collaboration avec la Fondation GEM et le Système européen d'observation des plaques (EPOS).

/ATS