Suisse

«On est un peu traumatisés»: des participants à la marche pour Gaza témoignent

16.06.2025 18h44 Lucie Hainaut

Egypte Egypte

La Marche pour Gaza n’a pas eu lieu. Plusieurs milliers de personnes dont 300 Suisses voulaient marcher depuis l’Égypte en direction de Rafah, afin de réclamer la fin du blocus sur l’aide humanitaire dans la bande de Gaza. Arrivés au Caire, bon nombre d’entre eux ont été confrontés à une répression sévère des forces de l’ordre. Trois marcheurs et marcheuses nous livrent leur témoignage. 

«C’est Antoine, on s’est fait choper à la frontière à cause des sacs de couchage. On s’est fait interroger, ils ont pris nos téléphones, ils ont eu nos codes, ils nous ont tous mis dans une salle à l’aéroport, je vais vous montrer.»

Antoine est un étudiant genevois de 22 ans, il est parti au Caire afin de participer à la marche pour Gaza. Mais dès son arrivée à l’aéroport, il est arrêté. Tout son matériel photographique est confisqué, sauf une petite caméra. Il documente les heures qu’il passe en détention.

«Les conditions étaient compliquées parce qu’ils nous ont fait payer l’eau, il y avait tellement de gens dans la pièce que ça devenait dangereux. Il y avait 16 lits et on était 80. Des gens se sentaient mal, il y avait des malaises» énumère le jeune homme.

Après plusieurs heures d’emprisonnement l’étudiant est finalement libéré, on lui rend son passeport. Il décide de rentrer en Suisse: «J’étais seul, un peu démuni, très faible puisque je n’avais pas dormi, rien mangé… Je sors de l’aéroport il fait méga chaud, je n’ai plus de forces, je ne sais pas où aller, je n’ai pas de réservation.» explique-t-il.

Des participants violentés

D’autres comme Esed passent les contrôles de l’aéroport, mais ils sont arrêtés plus loin. Il a plusieurs hématomes, et Il ressent une vive douleur quand il respire. Il suspecte une ou plusieurs côtes fêlées: «Quand on est arrivé au deuxième check-point, après tout le processus de saisie des documents on a été encerclés, ils ont engagé ces espèces de milices qui ont commencé à jeter des objets, après ils sont venus avec des matraques, ils nous ont donné des coups de pied, des coups de poings, ils m’ont même fouetté» relate le marcheur.

Même expérience pour Saliha Mamouni, une des coordinatrices de la Marche: «On a subi d’énormes violences, on ne s’attendait pas à cela, on est un peu traumatisés. Il faisait plus de 40 degrés, on était dehors sans eau sans rien, et on était tous assis par terre sans violence. On ne menaçait personne, on a toujours dit qu’on n’irait pas à l’encontre des autorités égyptiennes alors on n’a pas compris» déplore-t-elle.

Selon le Département fédéral des affaires étrangères, 35 ressortissants helvétiques ont sollicité la protection consulaire en Égypte. Le DFAE n’a pas connaissance de ressortissants suisses en difficulté dans ce pays à l’heure actuelle.