Proche-Orient: Le Hamas doit être interdit en Suisse
La Suisse doit se doter d'une loi ad hoc pour interdire le Hamas, a décidé mercredi le Conseil fédéral. Il s'agit de la meilleure solution pour lutter contre les activités de l'organisation. Par ailleurs, trois ONG palestiniennes perdent leur financement suisse.
Une loi donnera aux autorités fédérales les outils adéquats pour faire face à la situation prévalant depuis le 7 octobre au Proche-Orient. Les Départements fédéraux de justice et police et de la défense devront présenter un projet d'ici fin février 2024.
Le gouvernement a décidé de suivre une procédure ordinaire, a indiqué la ministre de la justice Elisabeth Baume-Schneider devant la presse à Berne. Après la procédure de consultation, ce sera au Parlement de se prononcer.
"Il faut prendre le temps de la consultation et soumettre une loi de qualité", a-t-elle précisé, ajoutant "qu'il n'y a pas d'urgence en tant que tel". "Le Parlement pourra décider d'une clause d'urgence."
Pas la population palestinienne
Le Conseil fédéral avait déjà décidé le 11 octobre de qualifier le Hamas d'organisation terroriste. Sa condamnation "sans équivoque" des attaques du 7 octobre doit être suivie d'actes concrets, a rappelé la ministre. Cette date constitue un "changement de paradigme".
L'interdiction ne vise que le Hamas et non la population palestinienne, a-t-elle relevé. La Suisse continuera à soutenir les ONG palestiniennes et à "s'engager pour des solutions dans le cadre de ce conflit".
Le ministre des affaires étrangères Ignazio Cassis a rappelé que, pour l'instant, la Suisse continue à promouvoir la solution à deux Etats. Cette solution "est plus actuelle que jamais car on a du mal à imaginer en ce moment une solution à un Etat", a-t-il déclaré, estimant qu'une réflexion à ce sujet est nécessaire ces prochains mois pour affiner la position helvétique.
La décision du jour pourrait influencer la politique étrangère de la Suisse, mais la lutte contre le terrorisme et son financement "l'emporte", a encore dit la Jurassienne. Par exemple, "les personnes dangereuses pourront être éloignées plus efficacement de notre pays". Les décisions seront plus solides en cas de recours, ce qui renforcera la sécurité intérieure.
Mme Baume-Schneider a encore cité un processus pénal contre les terroristes facilité et accéléré. Les infractions en lien avec le Hamas seront de la seule compétence du Ministère public de la Confédération. Le changement doit aussi permettre de mieux détecter les intermédiaires financiers.
Dialogue humanitaire
Il n'interdira pas en revanche le dialogue des partenaires par exemple humanitaires avec le Hamas. Le CICR est libre de dialoguer avec le Hamas, a dit Ignazio Cassis. "Il le fait déjà et doit continuer à le faire."
Les deux commissions de politique de sécurité du Parlement ont également déposé des motions afin d'interdire le Hamas. Les textes seront discutés lors de la session de décembre.
Trois ONG sans financement
Le ministre des affaires étrangères a également annoncé que trois organisations non gouvernementales palestiniennes perdent leur financement suisse. Elles ne respectent pas le code de conduite du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
"La suspension du financement des partenaires de la Suisse est normale si le contrat n'est pas respecté ou si la situation a changé", a précisé M. Cassis. Et d'assurer que ces ONG n'ont pas subi de dégâts d'image.
Aide humanitaire
Ignazio Cassis a encore rappelé la nécessité de pauses humanitaires afin d'assurer l'accès de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza. Le Conseil fédéral a augmenté son aide humanitaire de 90 millions de francs.
Les fonds sont destinés au Mouvement de la Croix Rouge et du Croissant rouge, aux Nations unies ainsi qu’à des organisations non gouvernementales suisses et internationales actives dans l’humanitaire et reconnues. L'aide humanitaire d'urgence sera fournie dans toute la région.
Le Conseil fédéral a une nouvelle fois réitéré sa "condamnation dans les termes les plus fermes" des attaques terroristes menées par le Hamas depuis le 7 octobre. Il reconnaît le droit d'Israël d'assurer sa défense, mais rappelle que la protection des civils et le respect du droit international humanitaire sont des obligations qui incombent à toutes les parties.
Vendredi, le Conseil fédéral a par ailleurs nommé un nouvel ambassadeur pour Israël. Actuellement chef de la division Paix et droits de l’Homme au Secrétariat d’Etat du DFAE à Berne, Simon Geissbühler sera ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire dans ce pays.