Suisse

Séismes dans les Alpes liés au changement climatique

02.07.2025 12h19

Séismes dans les Alpes liés au changement climatique

La fonte des glaciers augmente l'activité sismique sous le massif du Mont-Blanc. (Photo d'archives)

Photo: KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI

La fonte des glaciers augmente l'activité sismique sous le massif du Mont-Blanc. Une étude franco-suisse établit pour la première fois un lien solide entre le changement climatique et le risque sismique local.

Les preuves proviennent de la chaîne de montagnes des Grandes Jorasses, qui fait partie du massif du Mont-Blanc. Au-dessous des Grandes Jorasses, seuls des tremblements de terre isolés avaient été enregistrés jusqu'à présent, a indiqué mercredi le Service sismologique suisse (SED). Depuis l'automne 2015, une séquence sismique nettement marquée et persistante y est toutefois active.

Des scientifiques du SED à l'EPF de Zurich, du Bureau de recherches géologiques et minières à Montpellier (F) et de l'Institut des Sciences de la Terre à Grenoble (F) se sont penchés sur ce phénomène dans leur nouvelle étude.

Dans l'ensemble, l'aléa sismique est dix fois plus élevé depuis 2015 qu'auparavant, selon leurs conclusions. Il est frappant de constater que les tremblements de terre suivent un schéma saisonnier clair et qu'ils sont particulièrement fréquents en automne.

Pendant la saison froide, de l'automne au printemps, l'aléa sismique à court terme, c'est-à-dire le risque qu'un séisme de magnitude 3 ou plus se produise dans les prochaines 24 heures, peut être temporairement multiplié par un facteur de 10'000.

Vagues de chaleur et recul des glaciers

Selon l'étude, la faute en incombe au changement climatique. Les vagues de chaleur dans ces régions font fondre le permafrost et accélèrent la fonte des glaciers.

En conséquence, les éboulements augmentent, ce qui modifie les voies par lesquelles l'eau de fonte s'infiltre. Cela influence la pression de l'eau interstitielle jusque dans les formations rocheuses profondes et modifie les rapports de tension dans le sous-sol. L'expression de ces processus est une activité sismique accrue dans des régions où aucun tremblement de terre n'a été observé jusqu'à présent.

Des variations saisonnières de l’activité sismique suite à des changements de la pression interstitielle ont déjà été observées dans d’autres régions du monde. Cependant, c’est la première fois qu’une étude prouve que ce phénomène, favorisé par le changement climatique, peut entraîner une augmentation significative de l’aléa sismique local.

Cette conclusion est cruciale pour améliorer la prévention des tremblements de terre dans les régions alpines, qui pourraient être davantage confrontées à des tremblements de terre dus aux changements climatiques à l’avenir, écrit le SED.

Le massif du Mont-Blanc n’est pas le seul dans ce cas. D’autres régions de haute montagne ou arctiques du monde entier sont également concernées, selon ces travaux publiés dans la revue Earth and Planetary Science Letters.

/ATS