Suisse

Subsides de primes maladie: la droite a voté contre 91 millions d’aides pour Genève

25.09.2023 19h09 Martin Esposito

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Des différents contre-projets à l’initiative 10% du PS, c’est celui de la majorité du Conseil des États qui a été retenu par le National. Les cantons devront davantage prendre en charge les subsides de primes maladie, sans l’aide de la Confédération. Trois conseillers nationaux de droite ont suivi la position de leur parti, au détriment de Genève.

Simone De Montmollin (PLR), Vincent Maitre (Le Centre) et Céline Amaudruz (UDC) ont choisi de ne pas suivre le Conseil d'État, rejetant ainsi une proposition qui aurait rapporté 91 millions de francs à Genève. Comme l’écrivait Le Temps, «les élus romands de l'UDC, du PLR et du Centre ont fait pencher la balance, alors qu'ils auraient pu obtenir une aide fédérale de 348 millions de francs pour les six cantons francophones.» L'Assemblée fédérale a opté pour la version la moins contraignante du contre-projet indirect à l'initiative socialiste visant à plafonner les primes d'assurance à 10 % du revenu. Le contre-projet adopté prévoit un soutien supplémentaire de 356 millions de francs, supporté uniquement par les cantons. 

Pour Genève, qui est l'un des cantons ayant consenti un effort financier considérable, cette solution n'aura aucune incidence, comme l'avait expliqué le Conseil d'État aux députés genevois en amont. En effet, en 2019, les citoyens du canton avaient voté en faveur d'une augmentation de 186 millions de francs des subsides cantonaux, de sorte qu'aujourd'hui, Genève met déjà en œuvre un barème d'attribution des aides garantissant que personne ne paie plus de 10 % de son revenu en primes d'assurance maladie.

Malgré le brief du Conseil d’État, les trois conseillers nationaux du centre ont suivi la position de leur parti. «L’initiative socialiste et la version du contre-projet soutenue par eux coûteraient une fortune à la population, qu’elle devra assumer in fine via l’impôt fédéral direct et à terme la TVA. Le Conseil d’Etat défend son institution, ce qui est son rôle. Je suis élue par le peuple et en défends les intérêts, sans mot d’ordre, comme l’impose la Constitution», comment Simone de Montmollin. Lors de l’examen des textes, son collègue valaisan Philippe Nantermod attaquait les cantons sur les hausses de charges des hôpitaux, «qui se répercutaient directement sur les assurances maladie». Pointant les bénéfices records des cantons à la sortie de la pandémie, son groupe ne voulait pas d’intervention de la Confédération.

«J’estimais que ces 91 millions étaient utiles dans un secteur particulièrement sclérosé»

Contacté, Vincent Maitre n’était pas disponible ce lundi pour répondre à nos questions. Céline Amaudruz, elle, n’a pas décroché. Thomas Bläsi, lui, n’a pas suivi la direction de son parti: «J’estimais que ces 91 millions étaient utiles dans un secteur particulièrement sclérosé et problématique pour les finances des Genevois.» Remplaçant d’Yves Nidegger sous la coupole, le pharmacien s’est abstenu, «en espérant que cela suffirait pour que ça passe. Cela n’a pas été le cas.»

Du côté de la gauche, les réactions se font entendre: «Je suis assez choqué. C’est irrespectueux, aussi bien pour les habitants et que les Genevois, qui attendent un geste de la part du parlement pour améliorer leur pouvoir d’achat», tacle Nicolas Walder, conseiller national Vert. «Selon l’OFS, la prime maladie représente en moyenne 6,7% du revenu des ménages. En conséquence, pour la majorité des citoyennes et des citoyens, cette initiative signifiera une augmentation des impôts sans pouvoir bénéficier d’un centime de réduction de prime. Pour rappel, selon l’OFSP, cette initiative coûtera 5,5 milliards par année à la Confédération, à une période où les comptes de la Confédération sont fortement déficitaires alors que ceux des cantons sont bénéficiaires», lui répond indirectement Simone de Montmollin. 

Les socialistes vont maintenir leur initiative, qui sera soumise au vote fédéral en concurrence avec le contre-projet. Dans l’immédiat, leur ministre Alain Berset doit annoncer ce mardi les primes pour 2024. Des hausses, de l’ordre de 10% sont attendus.