UNIL: les étudiants manifestent sur le campus contre Emmanuel Macron
Quelque 200 personnes ont manifesté jeudi sur le campus universitaire à Lausanne (UNIL) contre la venue du président français Emmanuel Macron. Majoritairement étudiantes, elles ont scandé leur colère envers son soutien à Israël dans le conflit au Proche-Orient. Le cortège a été neutralisé et bloqué pendant plus de deux heures par la police.
Les jeunes se sont rassemblés vers 09h30 devant le bâtiment Anthropole de la Faculté des lettres. De là, ils sont partis défiler au sein du campus, où Emmanuel Macron et Alain Berset sont arrivés à 10h15 pour visiter la Fondation Jean Monnet pour l'Europe.
Les quelque 200 manifestants, selon un décompte de Keystone-ATS, voulaient se diriger vers l'Amphimax, lieu de la conférence-débat des deux présidents devant 1400 étudiants, mais leur cortège a été finalement bloqué entre le bâtiment de la HEC et de la Bibliothèque cantonale universitaire (BCU), juste devant le bâtiment de l'Institut suisse de droit comparé (ISDC).
Plusieurs manifestants étaient munis de casseroles et de drapeaux palestiniens. Ils ont défilé en scandant notamment "Israël assassin, Macron complice" et "Free Free Palestine", tout en portant des banderoles où il était écrit "Stop génocide" ou "Free Palestine".
Bousculades et sprays au poivre
Durant leur déplacement, de nombreux autres étudiants sont apparus aux fenêtres des bâtiments alentour et des dizaines d'autres sont même sortis pour apporter leur soutien. Mais sans forcément rejoindre le cortège.
Après que la cinquantaine de policiers présents ont bloqué le cortège, les manifestants ont essayé de passer en force et plusieurs bousculades ont eu lieu. La tension est clairement montée d'un cran. Pour les repousser, la police a notamment fait usage d'un ou deux sprays au poivre.
Au moins une demi-douzaine de jeunes ont été touchés aux yeux. "Je suis choqué du comportement de la police. On s'est senti clairement menacé", a témoigné Jimmy.
Après quelques minutes très agitées, le calme est revenu, hormis pour le "concert de casseroles" et des chants. Les manifestants ont ensuite été encerclés par les forces de l'ordre pendant plus de deux heures, entre 10h30 et 13h00 environ, jusqu'au départ de MM. Macron et Berset en direction du Beau-Rivage Palace à Ouchy.
Médiation du vice-recteur
L'accalmie n'a pas empêché les étudiants d'afficher leur colère envers la police cette fois-ci, qu'ils ont huée à maintes reprises. "Et c'est ça, la démocratie?" ou "Israël criminel, la police complice", ont-ils également entonné.
Le vice-recteur de l'UNIL Benoît Frund s'est rendu sur place auprès des jeunes pour discuter avec eux et tenter une médiation avec la police. Il a obtenu de pouvoir leur apporter de l'eau, qu'ils soient accompagnés pour aller aux toilettes et d'avoir accès à un dispositif sanitaire.
"C'est une honte", "c'est grave", "on nous bloque sur un terrain privé appartenant à l'UNIL", "ce n'est pas normal", ont clamé quelques-uns. Puis tous en choeur: "Jamais, jamais, on se soumet" ou encore "Police partout, justice nulle part".
Interrogé par Keystone-ATS, le porte-parole de la police cantonale Jean-Christophe Sauterel a expliqué que les étudiants n'avaient "pas respecté les interdictions et le périmètre fixés au départ" pour manifester. "Ils ont tenté de forcer le dispositif pour atteindre la zone sécurisée autour de l'Amphimax (...) Ce sont eux qui se sont mis dans cette situation", a-t-il affirmé.
Quatre interpellations
Selon lui, les forces de l'ordre ont procédé à quatre interpellations au total, une à l'UNIL et trois en gare de Renens. Les quatre jeunes ont été relâchés. mais seront poursuivis. Le dispositif de sécurité était surtout axé sur la présence humaine, permettant une plus grande mobilité, sans barrière ni barrage, a-t-il encore souligné.
C'est finalement peu avant 13h00 que les manifestants se sont calmement dispersés, la police les "libérant" de leur encerclement. Quelques chants anti-police ont encore été entendus.
Du côté du Beau-Rivage Palace à Ouchy, aucune manifestation ou actions de protestation n'a été observée, selon un photographe de Keystone-ATS.
Pour toute la journée de jeudi, un important dispositif de sécurité avait été mis en place au sein et autour du campus de l'UNIL, avec aussi la présence de deux hélicoptères survolant la zone. Les lieux de la Fondation Jean Monnet et de l'Amphimax avaient été particulièrement protégés. Quelque 550 policiers vaudois ont été engagés, a précisé M. Sauterel.