Suisse

Un homme comparaît à Nyon pour avoir tenté de tuer son épouse

23.11.2021 13h24

Procès à Nyon: 14 ans de prison requis pour tentative de meurtre

Photo: Keystone/NOEMI CINELLI

Le Ministère public vaudois a requis 14 ans de prison à l'encontre d'un homme qui a asséné un coup de couteau à sa femme à Morges en 2019. Les avocats du prévenu ont dénoncé la lourdeur de cette peine, estimant que rien ne prouvait qu'il avait eu l'intention de tuer.

Cette affaire, dont le procès s'est déroulé mardi au Tribunal d'arrondissement de La Côte à Nyon, remonte au 18 novembre 2019. Sept mois après une rupture qu'il n'a pas supportée, le prévenu s'était rendu au nouveau domicile de son épouse.

Dans le hall de l'immeuble, et en présence des filles du couple alors âgées de 1 et 4 ans, il avait frappé sa femme à la gorge avec un couteau qu'il avait acheté quelques heures auparavant.

L'épouse, dont le cou a été entaillé sur 15 cm, a survécu 'par chance' après avoir paré avec la main un second coup, a relevé la procureure Marlène Collaud. De même, il a fallu 'un miracle' pour que les deux filles, dont la cadette se trouvait dans les bras de la mère, ne soient pas blessées, a-t-elle ajouté.

La procureure a souligné que cette attaque avait été le point culminant d'un 'mariage catastrophique', durant lequel l'épouse a subi menaces et violences physiques. Elle a jugé que la culpabilité du prévenu était 'écrasante' et qu'il n'avait pas pris conscience de la gravité de ses actes.

Expulsion de Suisse

Outre une peine de 14 ans de prison, elle a réclamé une expulsion du territoire helvétique de 15 ans pour ce Kosovar de 34 ans, établi en Suisse depuis 1999.

Avocate de la femme agressée, Coralie Devaud est aussi revenue sur la 'chance' qu'avait eue sa cliente de ne pas rejoindre 'le funeste compteur des féminicides'. A ce titre, elle a demandé aux juges de donner 'un message fort' avec leur verdict, qui sera rendu jeudi après-midi.

Détaillant les séquelles physiques et psychologiques dont souffre toujours sa victime, Me Devaud a réclamé 40'000 francs pour tort moral, même si cela ne représente 'qu'un sparadrap financier' par rapport à 'l'effroi' enduré par la mère et ses filles.

Ministère public attaqué

Au cours de la longue plaidoirie de la défense, Yaël Hayat et Loïc Parein se sont montrés très critiques envers la procureure, dénonçant les 'errances' et les 'excès' de son réquisitoire, ainsi que la lourdeur d'une peine jugée 'asphyxiante'. Ils ont aussi dénoncé 'le militantisme' de Me Devaud avec son allusion au décompte des féminicides.

Selon Me Hayat, son client n'est pas le 'tyran domestique' présenté dans l'acte d'accusation, 'où tout est diabolisé'. Pour Me Parein, l'accusé n'a rien prémédité. Le 18 novembre 2019, c'est 'un type paumé et effondré' qui a 'dérapé' lorsqu'il a compris que sa femme ne reviendrait pas avec lui.

Et s'il avait bien l'intention de faire mal à son épouse, rien ne permet d'affirmer qu'il voulait la tuer avec son couteau, a-t-il estimé. Il a jugé qu'une peine de 4 ans serait adaptée.

Audition laborieuse

Quant au prévenu, son audition durant la matinée s'est avérée laborieuse, entre silences et réponses confuses. Il a fallu des questions insistantes du président du Tribunal et des avocats pour qu'il lâche des bribes d'explication.

'Je ressens une telle lâcheté en moi, une telle honte que je n'arrive pas à répondre. J'ai piégé ma femme et mes filles, c'est inhumain', a dit le prévenu, incarcéré depuis deux ans à la prison de la Croisée à Orbe.

Se décrivant comme 'un père à la dérive' au moment des faits, à la fois 'haineux' et 'désespéré', il a demandé pardon à son épouse. Celle-ci, séparée par un paravent, n'a pas voulu entendre ces excuses, hochant plusieurs fois la tête pour montrer sa désapprobation.

/ATS