Suisse

Un nouveau campement sauvage dans les jardins d'une haute école

30.05.2022 13h49

Un nouveau campement sauvage dans les jardins d'une haute école

Des militants du collectif 43m2 étaient en train de monter lundi un hébergement d'urgence pour sans-abris dans les jardins de la Haute école de travail social de Lausanne (HETSL).

Photo: KEYSTONE/LAURENT GILLIERON

Après Beaulieu il y a un mois, le collectif 43m2 a installé lundi un nouvel hébergement d'urgence sauvage dans les jardins de la Haute école de travail social de Lausanne (HETSL). Les militants veulent l'ouvrir dès mercredi aux personnes sans solution de logement.

L'hébergement d'urgence transitoire et autogéré est à nouveau ouvert, écrit 43m2 lundi dans un communiqué. 'Tout a été remis en place: des tentes pour dormir, un espace pour les familles, un salon et une cuisine collectifs, des toilettes, de l'eau courante et une connexion internet', détaille le collectif.

Une trentaine de militants ont investi les lieux situés dans les hauts de la ville vers midi. 'Nous nous sommes installés avec les mêmes revendications qu'à Beaulieu, à savoir pas une personne à la rue', a déclaré un porte-parole du mouvement à Keystone-ATS. Une grande banderole frappée de ce slogan a été accrochée sur le bâtiment dans les jardins duquel les activistes se sont installés.

Située sur un terrain appartenant à la Ville, cette grande maison abrite des activités de recherche et la cafétéria du personnel, mais pas de salles de classe ni auditoires. Ceux-ci se trouvent dans des immeubles plus modernes qui se trouvent juste à côté.

Soutien espéré

L'heure est désormais à la discussion avec la direction de l'école, les professeurs et les étudiants. La HETSL ignorait que cette action allait se tenir, a affirmé le porte-parole.

Les activistes espèrent qu'une collaboration pourra se mettre en place avec l'institution qui dispose d'un 'savoir social' et qu'il sera possible de 'travailler ensemble pour trouver des solutions'.

Dans son communiqué, 43m2 précise notamment avoir jeté son dévolu sur la HETSL car une vingtaine de ses étudiants ont cosigné le 17 mai dernier dans Le Temps une chronique dans laquelle ils disent 'partager les constats' de ce collectif. Des chercheurs de cette école, un établissement essentiellement financé par l'Etat, travaillent spécifiquement sur les sans-abris.

Ces derniers pourront être accueillis dès mercredi sur le site occupé. Une trentaine de lits sont prévus. Toute personne qui n'a pas de solution de logement est bienvenue nuit et jour, sans inscription, ni réservation, relèvent les militants.

Et de souligner qu'il est intolérable qu'aucune place supplémentaire d'urgence ne soit prévue d'ici l'hiver. Des dizaines de personnes sont refoulées chaque soir dans les centres d'hébergement de la capitale vaudoise, selon 43m2.

Tentative à Beaulieu

Fin avril, les activistes avaient déjà attiré l'attention sur ce problème en installant un campement sauvage pour SDF à Beaulieu. Il faisait suite à la fermeture de deux lieux d'accueil d'urgence totalisant 160 places.

Les militants avaient dû rapidement plier bagage sous pression de la police. Une discussion s'était ensuite déroulée avec la municipale Emilie Moeschler en charge de la cohésion sociale, sans résultat, selon le collectif. 'Nous avions prévu que nous resterions déterminés à proposer une solution transitoire à la politique du thermomètre imposée par le canton de Vaud et la Ville de Lausanne', rappelle-t-il.

Porte-parole de la police de Lausanne, Jean-Philippe Pittet a indiqué à Keystone-ATS qu'aucune intervention des forces de l'ordre n'était prévue actuellement. 'Il s'agit d'un terrain privé et l'école n'attend pas une action de notre part pour l'heure', a-t-il expliqué. Après s'être rendue sur place, la police s'est donc retirée. 'Nous laissons les choses se dérouler entre la direction et ces personnes.'

Présence tolérée

Bien que 'surpris' par cette occupation, le directeur de la HETSL a confirmé à Keystone-ATS n'avoir pas demandé l'intervention de la police, ni déposé plainte. Alessandro Pelizzari dit comprendre les préoccupations des militants sur le fond. L'école n'a toutefois pas vocation à être un lieu d'accueil, ajoute l'ancien syndicaliste. 'J'ai demandé au collectif de quitter les lieux dès que possible.' La situation sera réévaluée 'au jour le jour'.

L'accès aux sanitaires à l'intérieur du bâtiment est pour l'instant autorisé. Des solutions 'pragmatiques' ont aussi été trouvées pour le raccordement à l'eau et à l'électricité.

Impliquée un peu malgré elle dans le combat de 43m2, l'institution va-t-elle aider à faire pression sur les autorités? 'Nous documentons les problématiques sociales qui existent dans ce canton', répond Alessandro Pelizzari. 'Nous sommes un interlocuteur pour les politiques qui ont envie de bénéficier de notre expertise.'

/ATS