Suisse

Un nouveau ver parasite officiellement déposé dans un musée bâlois

19.06.2025 14h48

Un nouveau ver parasite officiellement déposé dans un musée bâlois

La nouvelle espèce de ver parasite, appelée Trichuris incognita, fait désormais officiellement partie de la collection du Musée d'histoire naturelle de Bâle.

Photo: Swiss TPH

Une équipe de recherche de l'Institut tropical et de santé publique suisse (Swiss TPH) a découvert une nouvelle espèce de ver parasite en Côte d'Ivoire. Le Musée d'histoire naturelle de Bâle a reçu jeudi les deux premiers spécimens conservés.

Les infections par les trichocéphales, des vers nématodes, touchent environ 500 millions de personnes dans le monde, principalement des enfants vivant dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Causées par le ver parasite Trichuris trichiura, elles peuvent entraîner des problèmes de santé importants, notamment des douleurs abdominales, des diarrhées et de l’anémie.

Jusqu’à présent, on pensait que toutes les infections humaines à trichocéphales étaient dues à cette seule espèce. Mais des scientifiques du Swiss TPH, en collaboration avec des partenaires en Côte d’Ivoire et à l’Université de Calgary (Canada), ont identifié une espèce jusqu’alors inconnue capable d’infecter l’humain, a indiqué jeudi le Swiss TPH devant la presse à Bâle.

Cette découverte a eu lieu lors d’un essai clinique en Côte d’Ivoire, au cours duquel les traitements standards se sont révélés moins efficaces que dans des essais comparables. Comme cette espèce est morphologiquement identique à Trichuris trichiura au microscope, les scientifiques ont d’abord suspecté une résistance aux médicaments.

L’analyse du génome a ensuite révélé que les patients étaient infectés par une autre espèce, inconnue jusqu’alors. L’équipe de recherche a nommé cette nouvelle espèce Trichuris incognita, en référence à sa capacité à être restée inaperçue jusqu’à aujourd’hui.

De grandes implications

'Cette découverte a des implications majeures pour la façon dont nous traitons les infections parasitaires à l’échelle mondiale', a indiqué Jennifer Keiser, du Swiss TPH. Il est ainsi possible que des patients dans de nombreuses régions soient infectés par Trichuris incognita, alors que le traitement de référence - albendazole et ivermectine - est moins efficace contre cette espèce.

La présence de cette nouvelle espèce a pour l’instant été confirmée principalement en Côte d’Ivoire. Sa distribution mondiale reste incertaine, car des analyses ADN plus larges dans d’autres régions sont encore nécessaires.

Le Swiss TPH a officiellement remis jeudi au Musée d’histoire naturelle de Bâle des spécimens mâles et femelles de Trichuris incognita, conservés dans de l’éthanol. Cette étape fait partie de la procédure formelle requise par le Code international de nomenclature zoologique pour enregistrer une nouvelle espèce.

'Petite différence'

'Nous sommes fiers d'archiver le type éponyme de Trichuris incognita, qui constitue un élément inestimable de nos collections scientifiques', a déclaré Christian Kropf, responsable du département des sciences de la vie au musée bâlois.

Cette avancée a été rendue possible grâce aux technologies de séquençage de nouvelle génération, qui ont permis aux scientifiques de reconstituer le génome complet du parasite. Max Bär, chercheur au TPH, a effectué des prélèvements de selles dans un village ivoirien et a démontré la présence de la nouvelle espèce dans le cadre de sa thèse de doctorat.

'Ce ver ressemble à d’autres espèces du même genre au microscope, mais son code génétique est légèrement différent. Et cette petite différence a de grandes conséquences pour la santé mondiale', conclut le spécialiste.

/ATS