Suisse

Une alliance de gauche lance un référendum contre la réforme AVS21

04.01.2022 11h15

Une alliance de gauche lance un référendum contre la réforme AVS21

Photo: KEYSTONE/PETER SCHNEIDER

Les femmes n'ont pas à partir à la retraite un an plus tard, selon l'alliance 'Pas touche à nos rentes'. Composée de syndicats, du PS, des Verts et de collectifs féministes, elle lance mardi un référendum contre la réforme AVS21, acceptée par le Parlement en décembre.

Le relèvement de l'âge de la retraite de 64 à 65 ans permettra de faire des économies à hauteur de 10 milliards de francs sur le dos des femmes, a exposé Michela Bovolenta, secrétaire centrale du Syndicat des services publics, devant les médias à Berne. Et ce alors que la société économise des milliards de francs avec le travail non rémunéré, comme les tâches domestiques, la garde d'enfants ou les soins apportés à autrui.

'Les femmes perdent en moyenne 1200 francs de rente par an, bien qu'elles touchent encore environ un tiers de moins que les hommes', a indiqué le président de l'Union syndicale suisse (USS), Pierre-Yves Maillard.

Tant que les femmes assument la plus grande partie du travail non rémunéré et que leurs rentes sont inférieures, il est injuste et injustifié de relever l'âge de la retraite pour elles, a argué Anna-Béatrice Schmaltz, représentante des Collectifs de la grève féministe. Le fait que l'âge de la retraite soit pareil entre les hommes et les femmes est une égalité 'négative' pour Adrian Wüthrich, président de Travail.Suisse.

L'alliance a estimé qu'avec cette première partie de la révision de la prévoyance vieillesse, le Parlement tente encore une fois d'affaiblir l'AVS. Durant la récente session d'hiver, le Parlement a entamé le deuxième volet, à savoir la prévoyance professionnelle (LPP). AVS21 n'est qu'un début, avertit l'alliance, qui s'attend à 'de nouvelles attaques contre le coeur de la sécurité sociale'.

'Personne ne peut vivre que de l'AVS'

La Constitution promet depuis 50 ans à la population des rentes AVS suffisantes pour vivre, a pointé M. Maillard. Or, on en est loin, selon lui. 'Personne ne peut vivre uniquement avec la rente AVS aujourd'hui en Suisse.'

AVS21 ne résout pas les gros défis en matière de retraites, a relevé Vania Alleva, présidente d'Unia et vice-présidente de l'USS. Elle détériore même les rentes des personnes qui ont déjà le moins aujourd'hui, à savoir les femmes. Leur rente AVS moyenne s'élevait à 1770 francs par mois en 2019.

Près d'un tiers des femmes ne touchent toujours pas de rente du deuxième pilier, a souligné la conseillère aux Etats Marina Carrobio (PS/TI). Et même si des femmes sont affiliées à une caisse de pension, elles touchent environ deux fois moins que les hommes. Elle a encore relevé que près de 12% des femmes retraitées reçoivent des prestations complémentaires.

'Quand on voit ce que propose le camp bourgeois en matière de prévoyance vieillesse, ce n'est pas seulement un affront à l'égard des femmes, mais une attaque contre les rentes de tous les travailleurs', a encore déclaré Mme Alleva, insistant sur la notion de 'respect'.

'Pied de nez' du Parlement

L'AVS perd chaque année 825 millions de francs en raison de la discrimination salariale des femmes, a noté la conseillère nationale Léonore Porchet (Verts/VD). Elle a fustigé le fait que ce soit maintenant aux femmes de supporter les coûts de la réforme, alors qu'elles sont déjà désavantagées en matière d'âge et sur le marché du travail.

C'est un 'pied de nez' de la part du Parlement deux ans après la Grève des femmes et en l'année-anniversaire des 50 ans du droit de vote des femmes et des 40 ans de l'inscription de l'égalité des sexes dans la Constitution, selon la Vaudoise. 'Nous avons besoin d'un système égalitaire, solidaire et durable', a résumé Mme Bovolenta, convaincue que ce ne sont pas les moyens qui manquent mais la volonté politique.

Evolution démographique

Les partisans d'un relèvement de l'âge de la retraite - et pas seulement pour les femmes - invoquent pour leur part l'évolution démographique. Il y a aujourd'hui environ trois personnes actives pour un retraité, il ne devrait y en avoir plus que 2,4 en 2030. En cause: l'augmentation de l'espérance de vie ces dernières décennies et une baisse du taux de natalité.

Le fait que la génération née durant le baby-boom atteigne l'âge de la retraite joue aussi un rôle. L'évolution démographique a des répercussions aussi bien sur le premier que sur le deuxième pilier de la prévoyance vieillesse.

/ATS