Éric Zemmour à Genève: «Je suis condamné pour des délits d’opinion»
L’écrivain, polémiste et futur candidat à la prochaine présidentielle française nous accorde un grand entretien en marge de sa visite controversée à Genève. Venu pour présenter son dernier livre «La France n’a pas dit son dernier mot» (Éd. Rubempré), Éric Zemmour enchaîne les déplacements internationaux avant le lancement officiel de sa campagne en fin de semaine prochaine.
«Ça me laisse indifférent. Ces gens ne se rendent pas compte à quel point ils montrent leur vrai visage, qui est celui de l’intolérance, du sectarisme, de la haine», lance Éric Zemmour à ceux qui ont contribué à compliquer sa visite à Genève et de citer Chamfort: «On laisse en paix ceux qui mettent le feu et on persécute ceux qui sonnent le tocsin.»
Sûr de ses positions, Éric Zemmour se défend de jeter de l’huile sur le feu: «Je dis ce que je pense. Je croyais que c’était la règle dans une démocratie. Dans une démocratie, on dit ce qu’on veut. Si on veut que tout le monde pense la même chose, il faut arrêter de donner le droit de vote aux gens.»
Zemmour contre la justice
Plusieurs fois condamné et poursuivi pour ses propos, le polémiste regrette dans son ouvrage que ses adversaires utilisent ces condamnations pour le discréditer: «Je suis condamné car je pense que l’immigration n’est pas une chance pour la France. Je suis condamné pour des délits d’opinion.»
«Les lois antiracistes sont des lois liberticides. Il faut revenir dessus»
Il annonce vouloir revenir sur les lois antiracistes de même que sur les lois mémorielles «qui empêchent les historiens de faire leur travail». «Les juges, se fondant sur des lois liberticides, s’arrogent le droit de choisir qui peut parler», dénonce-t-il.
La démocratie suisse en exemple
Face aux «élites politico-médiatiques», dont la Maire de Genève Frédérique Perler fait partie selon lui, Éric Zemmour brandit sa volonté de permettre aux Français d’intervenir «souvent» dans les décisions politiques par plus de démocratie directe: «Tous ces gens-là sont imprégnés de l’idéologie mondialiste, immigrationniste, multiculturaliste. Et les peuples ne sont pas d’accord»
«Seule la Suisse réussit à permettre à son peuple de contenir les volontés destructrices des élites»
Et si le peuple donne raison à ces fameuses élites, comme lorsque les Suisses ont accepté le mariage pour tous ou la PMA? «Je ne le conteste pas. Le peuple est souverain. Les gens ont été acquis à cette idéologie, les minorités ont gagné cette bataille-là.»
Éric Zemmour revient aussi sur sa rencontre avec plusieurs élus de la droite suisse comme Yves Nidegger, Roger Köppel, ou Jean Romain: «On a discuté dans une ambiance très chaleureuse. Je trouve que la France a beaucoup d’exemples à prendre sur la Suisse.»
Un écrivain en campagne
L’envie d’y aller se sent: «Quand on entend que l’on pourrait être au second tour, on le vit comme une immense responsabilité. On se dit que les Français ont un immense espoir en vous.» Mais pourra-t-il convaincre sur le terrain populaire? «Je viens de ce milieu. Je n’ai hérité de rien, contrairement à d’autres. J’ai travaillé, j’ai fait des études et j’ai progressé dans la société, c’est ce que permet la France.»
«Je n’ai pas grandi dans un château»
La référence à Marine Le Pen est à peine déguisée. Dans les intentions de vote, il est au coude-à-coude avec elle: «Depuis ces sondages, on voit bien que le système a pris peur et tire de tous les côtés. Personne n’attaque comme ça Emmanuel Macron ou Marine Le Pen. J’en déduis que je suis le plus dangereux pour Emmanuel Macron.»
«Le mouvement #MeToo est un mouvement de délation»
Taxé de misogyne, Éric Zemmour dit combattre «un féminisme qui déteste les femmes et qui fait l’éloge des transgenres et de l’islamogauchisme. Il y a beaucoup de femmes qui ne veulent plus de ce féminisme-là.»
«On sait très bien qui menace les femmes aujourd’hui»
S’il dénonce les agressions sexuelles commises à Cologne en 2016 «par des migrants», il accuse le mouvement #Metoo d’être le contraire de libérateur: «Il y a des dénonciations abusives. Le tribunal médiatique est absolument ignoble.»
Deux poids deux mesures, lorsqu’il s’agit d’hommes riches et puissants? «Une femme qui dénonce être sous emprise dix ans après une relation sexuelle consentie, c’est la porte ouverte à toutes les dérives». Et de conclure: «L’emprise fait partie de l’amour. C’est un concept flou et dangereux quand il est utilisé par les tribunaux.»