Comment Genève doit-il planifier sa transition énergétique?
Réduire la proportion des énergies fossiles pour se chauffer. C’est l’objectif du canton à l’horizon 2030, mais comment y parvenir le plus efficacement possible ? Le Conseil d’Etat aimerait octroyer à SIG un monopole pour développer les grands réseaux de chauffage. Mais cette prérogative inquiète les partis de droite. Décryptage en vue de la votation du 13 février.
Passer de 90% d’énergie fossile aujourd’hui pour la production d’eau chaude, le refroidissement et le chauffage des bâtiments à environ 75% d’ici 2030 dans les grandes conduites thermiques. Voici en quelques mots à quoi servira le déploiement des grands réseaux de chauffages, les réseaux thermiques structurants.
«L’enjeu, c’est d’éviter que les privés ne fassent que ce qui est rentable, alors que le public peut avoir une desserte plus universelle.»
Pour le Conseil d’Etat, ce déploiement doit se faire à travers un monopole du secteur public via les services industriels genevois. «En faisant un monopole, on oblige SIG à faire un réseau couvrant tout le territoire pertinent de Genève en matière de besoin de réseau de chaleur explique Antonio Hodgers. Et pas seulement les tronçons rentables. L’enjeu, c’est d’éviter que les privés ne fassent que ce qui est rentable, alors que le public peut avoir une desserte plus universelle.»
«Les monopoles, ça n’aide jamais»
Cette désignation de monopole entraîne une modification de la loi constitutionnelle et donc une votation.
Et justement, le PLR et l’UDC appellent à voter non. Dans leur viseur, une potentielle augmentation des prix pour les consommateurs. «En cas de monopole, selon Bertrand Reich, SIG travaillera au rythme qui lui convient et qui est le sien, aux tarifs qui lui convient et qui sont les siens. Alors que si le marché est ouvert à la concurrence, on mettra une pression sur les délais de réalisation et sur les coûts de construction et d’entretien et donc sur les coûts finaux pour les consommateurs.»
130 km supplémentaires
Monopole ou pas, 130 km supplémentaires de réseaux thermiquex structurants doivent se déployer sur le canton d’ici 2030. Ils seront alimentés à 80 % par de l’énergie renouvelable et locale. À travers la géothermie, l’eau du lac ou la récupération de chaleur.
«L’Asloca s’engagera pour qu’il y ait une transparence totale sur les coûts de production de cette énergie.»
Ces investissements sont estimés à 1,5 milliards de francs. Une énergie locale et sans émission de CO2 que tous saluent. Y compris l’Asloca, qui voit dans ce monopole des perspectives plutôt rassurantes pour les locataires. «Quand on a un réseau public, on a une maîtrise, précise Me Christian Dandrès. L’Asloca s’engagera pour qu’il y ait une transparence totale sur les coûts de production de cette énergie.»
Le développement des réseaux de quartiers ne serait pas soumis à ce monopole. Dans le canton, la moitié des dépenses énergétiques concernent le chauffage ou le refroidissement des bâtiments.