Genève

La pénurie de personnel soignant en France pourrait impacter Genève

07.02.2022 17h55 Gilles MIELOT

redac

Désertification médicale en France voisine, manque d’effectif à Genève. Une population vieillissante, une démographie croissante, un métier difficile. Les infirmières et infirmiers sont une denrée rare dans le grand Genève. Une coopération transfrontalière est nécessaire pour anticiper l’avenir et combler les manques qui pourraient aussi impacter Genève ces prochaines années.

La Suisse formerait moins de la moitié du personnel soignant dont elle a besoin chaque année pour répondre à la demande. Aucun autre secteur n’affiche autant de postes vacants que celui de la santé. A Genève, il y a actuellement plus d’une centaine d’annonces dans les offres d’emploi. La crise sanitaire a mis en lumière les problèmes d’effectifs. Un métier contraignant, qu’il est difficile de tenir sur le long terme.

Pourtant, jamais l’engouement n’avait été aussi fort chez les jeunes.

Une formation de 3 ans et un emploi assuré. Malgré les contraintes de la profession, la motivation est intacte. La Haute-Ecole de Santé a ouvert les vannes des admissions, et compte près de 1000 étudiants. Des effectifs qui ont augmenté de 50% en huit ans.

Population vieillissante, croissance démographique, départs à la retraite, les besoins en personnel de santé vont être exponentiels ces prochaines années. Genève a temporairement trouvé la parade grâce au réservoir transfrontalier de main d’œuvre. Un aspirateur de personnel soignant qui a appauvri l’offre de soins en France voisine. Aux hôpitaux du Léman, la direction met tout en œuvre pour retenir son personnel.

Pourtant, l’eldorado Suisse a parfois aussi ses limites malgré un salaire en moyenne 3 fois plus élevé. Certains reviennent pour concilier au mieux vie de famille et contraintes horaires.

Un constat qui reste minoritaire, la France ne peut toujours pas régater sur les salaires et les conditions de travail.

Les élus tentent aussi de freiner l’hémorragie.

Volonté de créer un centre de formation transfrontalier pour "saturer" le marché de l'emploi et satisfaire les besoins de chaque côté de la frontière.

Vider la France voisine de son personnel soignant pourrait avoir des conséquences à Genève. Les français frontaliers ou non peuvent se faire soigner en Suisse aux urgences et les frontaliers bénéficient des soins aussi en cas d’accident, pris en charge par l’employeur. Une situation qui pourrait saturer les HUG qui auront donc besoin de plus de personnels.

Le serpent qui se mord la queue.

Si les cantons forment deux fois plus d’infirmiers qu’il y a dix ans, les besoins sont toujours insuffisants. Et les projets de centres de soins qui essaiment en France voisine ne suffiront pas à combler les manques.