Genève

Accusé d'avoir poignardé à mort sa compagne, il conteste

21.02.2022 19h11 Julie Zaugg

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C’était une nuit de décembre 2019: une jeune femme de 21 ans décédait après un coup de couteau dans le thorax, dans son appartement de Chêne-Bourg. Son compagnon est suspecté d’être l’auteur de ce féminicide. D’après le Ministère Public, il n’aurait pas supporté de voir sa compagne s’éloigner de lui et nouer une relation sentimentale avec un autre homme. Il est aujourd’hui sur le banc des accusés et nie tous les faits qui lui sont reprochés…

Cette première journée d’audience était clairement placée sous le signe de la négation. Ce jeune prévenu de tout juste 25 ans, très apprêté, n’a pas cessé de dire à la cour aujourd’hui que tout n’était que mensonges. Et qu’il ne comprenait pas les actes graves qu’on lui reproche.

À commencer par des faits de violences physiques sur sa petite amie, à l’époque. Mais aussi des violences psychologiques en lui confisquant son téléphone ou en l’empêchant de se déplacer s'il n’était pas avec elle, par exemple. Ces faits-là sont racontés par des témoins et proches de Manon, la jeune femme décédée, soit parce qu’ils les ont constatés, soit parce qu’elle leur a dit ce qu’elle vivait.

Ici encore, mensonges, d’après le prévenu. «Je n’ai jamais levé la main sur elle. Elle pouvait faire ce qu’elle voulait. Je pense peut-être qu’elle cherchait de l’attention» a-t-il expliqué.

Puis en automne 2019, la bascule: le couple est alors ensemble depuis presque quatre ans, avec des épisodes intenses de crises, mais il ne se sépare pas. Pourtant des messages échangés entre la jeune femme et des amis font état de sa volonté de partir, elle n’en peut plus et veut quitter le prévenu. Plus encore: elle est tombée amoureuse d’un autre homme, ami de longue date et proche du couple.

Pas d'explications

Naissent les soupçons, confirmés par un message romantique intercepté par le prévenu. L’accusé dit pourtant ne pas comprendre sur le moment qu’elle pourrait le quitter. Il mentionnera cependant ses pensées suicidaires à l’idée qu’il puisse se retrouver seul.

Puis vient la scène fatale, ce coup de couteau en plein dans le thorax, dans le lit conjugal. Plus on se rapproche de cette scène dans les questions, plus les réponses de l’accusé deviennent floues… il raconte qu’après avoir discuté calmement dans le lit, elle lui aurait demandé de ne pas faire de bêtise, au risque d’en faire une elle-même; elle se serait alors saisie d’un couteau de cuisine posé non loin pour se le planter dans le torse.

Une scène incompréhensible pour la présidente du tribunal, Alessandra Armati. Il faudra aussi expliquer les taches de sang retrouvées ailleurs sur le lit que sur la zone d’impact. Mais le prévenu n’a toujours pas plus d’explications à donner à ce sujet. Féminicide ou suicide, cette affaire se poursuit toute la semaine, avec de longues plaidoiries prévues mercredi.