La Ville se penche sur son héritage raciste
Carl Vogt Uni Bastions
La ville de Genève passe son héritage à la loupe: le Conseil administratif publie une étude sur les monuments et symboles racistes dans l’espace public. Il souhaite engager un dialogue avec la population, et trouver des solutions pour cet héritage qui fait débat.
Que faire d’une statue en pleine ville qui représente un Genevois ayant certes fait de grandes choses, mais qui a aussi défendu des positions racistes? C’est pour tenter de répondre à cette question que la ville de Genève a commandité une étude sur les monuments et l’héritage raciste et colonial dans l’espace public: «On aimerait surtout favoriser un débat très ouvert, auquel toutes les composantes de la société puissent participer: les associations, la population, les milieux académiques, les politiques bien sûr… Pour nous réapproprier nos personnalités et notre histoire genevoise avec un autre regard» explique Sami Kanaan, Conseiller administratif de la Ville de Genève en charge de la culture.
Des pistes de solution pour les citoyens
Les chercheurs ont recensé 33 lieux de mémoire: des statues, des parcs, des noms de rue, ou encore des établissements publics. Selon Davide Rodogno, professeur d’histoire et de politiques internationales à l’IHEID, il existe plusieurs pistes de solution: «C’est aux citoyens et aux citoyennes de prendre position et avec leurs élus, et de trouver la bonne option. Ce qu’on suggère dans l’étude, c’est plutôt un spectre de solutions ou de pistes d’actions possibles. On suggère aussi le dépassement du problème et donc de réimaginer ces espaces de manière beaucoup plus créative». Dans l’étude, les scientifiques mettent en avant plusieurs options: déplacer le monument, le recouvrir d’un voile, ou par exemple l’incliner pour signaler son aspect problématique.
Le cas Carl Vogt
Parmi ces 33 personnalités, l’une cristallise beaucoup de débats à Genève: «Si on prend le cas de Carl Vogt c’est un boulevard connu dans un quartier près de l’université de Genève, il y a une statue, il y a le musée d’ethnographie qui est là-bas… Je pense que c’est typiquement un cas avec lequel on peut commencer, parce qu’il est emblématique de ce débat» détaille Sami Kanaan.
Pour la suite, la Ville veut mener une réflexion sur la place de ces monuments via un dialogue avec la population. Une table ronde est d’ores et déjà planifiée au 7 mars, dans le cadre du Festival du film et forum international sur les droits humains.