Genève

Corine Moinat: «Je n’accepte pas cette éviction car je n’ai commis aucune faute»

10.03.2022 14h40 Jeremy SEYDOUX

Corine Moinat Corine Moinat

Débarquée de l’aéroport à la stupeur générale par le Conseil d’Etat. Corine Moinat se défend dans un entretien accordé à Léman Bleu. Elle espère que la justice cassera la décision du gouvernement.

«J’ai été sidérée d’apprendre que le Conseil d’État cherchait à m’évincer depuis deux ans, alors qu’il ne m’a jamais adressé un seul reproche en sept an de présidence. Ce n’est que le 2 février, dans le bureau du magistrat, qu’on m’a demandé de partir. Je refuse d’abandonner le navire sans raison», explique Corine Moinat.  

Après la conférence de presse hier du gouvernement, la présidente sur la touche a tenu à s’expliquer devant quelques journalistes. Elle dit ne pas comprendre pourquoi Serge Dal Busco l’a démise de ses fonctions, rappelle qu’on ne lui a notifié aucun motif si ce n’est la «rupture du lien de confiance» qu’elle ne saisit pas, ni reproché aucune faute en sept années de mandat. De fait, elle reste membre de droit du conseil d’administration de l’aéroport.

Reconduite en 2018 par… Serge Dal Busco

Nommée en 2014 par Pierre Maudet, elle a été reconduite à son poste pour une durée de cinq ans en 2018 par Serge Dal Busco. Des problèmes interpersonnels auraient causé son éviction, sans qu’il nous soit précisé lesquels. Corine Moinat réfute tout reproche et précise n’avoir jamais critiqué Serge Dal Busco derrière son dos, ce qu’il lui aurait glissé durant un entretien dans son bureau.

«Nous avons toujours entretenu des rapports cordiaux. Serge Dal Busco a même remercié le conseil d'administration de l'aéroport en janvier dernier pour son travail durant la crise Covid»

Elle reconnaît que ce poste «n’est pas un long fleuve tranquille» et que des désaccords peuvent survenir, mais martèle: «J’ai toujours agi dans les intérêts de l’Aéroport».

«C’est du fonctionnement de l’État qu’il s’agit» 

Déterminée, elle a décidé de recourir contre cette décision. Elle s'appuie sur la loi sur l'organisation des institutions de droit public (LOIDP) qui prévoit la révocation d'un président «pour graves dysfonctionnements». Or, dans cette affaire il n'en est rien. Raison pour laquelle d'ailleurs elle n'a pas été formellement révoquée. La justice tranchera la question sur le fond, un effet suspensif pourrait lui être accordé la semaine prochaine. Cela signifierait un retour provisoire de Corine Moinat à la présidence de l’aéroport.

«On ne peut pas laisser le Conseil d'État s'imiscer pareillement dans la gestion des régies publiques autonomes. Cela les met en danger»

Reste que ce bras de fer juridique pourrait mettre de l'huile sur le feu et aller contre les intérêts de l'aéroport. «Il ne faut pas inverser les rôles, ce n’est pas moi qui ai dégoupillé». Et Corine Moinat de citer une longue liste de soutiens, dont ses administrateurs, des centaines d’anonymes et même André Kudelski, personnalité influente du monde des affaires sur le plan mondial.