Genève

Aucune baisse des déchets à Carouge en trois ans

10.03.2022 16h56 Céline Argento

carouge

Carouge n’a pas baissé ses déchets comme voulu. En 2018 l’objectif était de diminuer les incinérables de 30%. Trois ans plus tard, la ville en est à 0%, notamment du fait de la pandémie

En 2018, la campagne était lancée en grandes pompes. Objectif affiché : faire baisser les incinérables de 30% en trois ans à Carouge, pour devenir la première ville zéro déchet de Suisse. «Nous avions fixé un objectif ambitieux pour créer une vraie prise de conscience» explique la responsable du projet Dorinda Phillips. Après une baisse des déchets en 2019, la hausse fut à nouveau croissante en 2020 et 2021 pour finalement obtenir ce résultat : la quantité d’incinérables est revenue au niveau de 2018, notamment du fait de la pandémie. 

Bon résultat chez les convaincus

Pour Dorinda Philips, il ne faut pas y voir un échec. Durant plusieurs mois, 515 activités ont été organisées. Les ateliers zéro déchet et coaching ont bien marché: une quarantaine de familles a été suivie pendant six mois pour au final, une baisse entre 43 et 63% de déchets. Les événements organisés par la commune ont aussi été fondateurs, avec l’usage de vaisselle réutilisable notamment. Autre point, le compost. Dans les tours de Carouge, une campagne a permis la hausse de 9% de l’usage des poubelles vertes et donc une baisse égale des incinérables. 

Les plus gros progrès ont été faits auprès d’une population convaincue ou ouverte. Mais difficile encore de convaincre les moins engagés: «Nous avons pu agir auprès de ceux qui sont venus vers nous. Désormais, il faut aller chercher les gens, par exemple dans les entreprises. Ou mettre à la portée de tous des solutions plus simples» rappelle Dorinda Phillips.

Carouge a donc eu globalement des difficultés à faire baisser ses incinérables sur l’ensemble de la ville, la plaçant loin de l’objectif des -30%. Les résultats sont toutefois probants auprès de ceux qui ont adhéré au projet. Reste à convaincre les plus sceptiques. 

«On aurait souhaité avoir un meilleur résultat»

Sonja Molinari, conseillère administrative de Carouge répond à l’échec de cette opération.

Malgré tous les ateliers et les activités menées, aucune baisse générale du nombre de déchets n’a été constatée. «On aurait souhaité avoir un meilleur résultat. Mais depuis le lancement de l’opération, il y a eu le Covid», explique Sonja Molinari. Elle nuance toutefois: «Nous avons remarqué que le nombre de déchets a augmenté en Suisse, alors qu’à Carouge ce nombre est resté stable.»

«Je pense qu’aujourd’hui, il est absolument indispensable de tenir compte du gaspillage, de la crise climatique. Aujourd’hui on ne trie que 50% de nos déchets, c’est très bas. Et 30% des déchets brûlés sont organiques. L’objectif aujourd’hui est d’aller beaucoup plus loin», justifie-t-elle. La solution serait avec les aliments. zéro déchet, qui peut être contraignant. «Ce n’est pas forcément plus cher. On a remarqué que les personnes qui ont participé aux ateliers sont sensibilisées à ce changement.»

Toucher une autre population

Faudrait-il toucher au portefeuille pour réduire la part de déchets? «L’idée ce n’est pas d’obliger directement. J’attends de la nouvelle loi sur les déchets qui est examinée par le parlement en ce moment.» La conseillère administrative compte aussi sur les grands commerce pour changer la donne, en réduisant le nombre d’aliments emballés.»