Genève

La Gradeline, un chalet chargé d'histoire ne sera pas sauvé

17.03.2022 18h36 Delphine Palma

villa

Il y a eu la Chevillarde et la villa du Jeu de l’Arc. Au tour de la propriété historique la Gradeline de disparaître. Une association de défense de patrimoine s’insurge de voir ce chalet urbain daté de 1860 être rayé de la carte. L’Etat, lui, a décidé de ne pas classer la bâtisse, mais fait entrer au musée une cinquantaine d’objets et de décors intérieurs de la maison.

Ses façades sont un peu défraichies, mais pour Leila El-Wakil, la Gradeline a une valeur exceptionnelle. La bâtisse en maçonnerie et bois sculpté est un exemple original de chalet urbain mélangeant plusieurs styles architecturaux. Mais aussi, elle a appartenu à la famille Wanner, une dynastie de ferronniers d’art très prolifique.

Pour l’historienne, cette décision de l’Etat , qui ouvre la voie à la destruction de la maison, ne passe pas. «Les valeurs des objets recensés sont un peu près systématiquement revus à la baisse estime Leïla El-Wakil. Sous l’effet de la pression immobilière, on détruit énormément d’objets intéressants sur le plan de l’histoire et du patrimoine. Celle-ci, nous étions convaincus qu’elle allait être conservée.» 

50 objets au musée

En août dernier, l’Etat s’était déjà prononcé contre une autre mesure de conservation demandée cette fois par Patrimoine Suisse Geneve : l’inscription à l’inventaire de cette bâtisse. Mais, pour l’Office du patrimoine et des sites, plus que la maison, c’est le patrimoine mobilier et ses décors qui ont un intérêt prépondérant. « C’est la raison pour laquelle nous avons entamé des négociations avec le MAH, pour que les propriétaires fassent don de tous ces objets explique Babina Chaillot-Calame, conservatrice cantonale des monuments. Patrimoine Suisse Genève a été d’accord avec cette proposition et a retiré sa demande de mise à l’inventaire. » 

Depuis quelques jours, une cinquantaine d’objets ont quitté la Gradeline et sont conservés dans les réserves du musée d’art et d’histoire. Des objets du quotidien qui habillaient la maison.

L’association SOS Patrimoine examine si elle fera recours devant la justice pour tenter d’empêcher la destruction de la maison. La villa vient d’être vendue par son propriétaire au promoteur immobilier qui prévoit ici des appartements de luxe.