Genève

Les accords d'Évian, 60 ans après

18.03.2022 18h34 Lucie Hainaut

Accords d'Évian, photo André Gazut Accords d'Évian, photo André Gazut

Il y a 60 ans s’écrivait une page d’histoire au bord du lac Léman: le 18 mars 1962, la France et le Gouvernement provisoire de la République algérienne ratifient les accords d’Evian. Ils mettent fin à 8 années de guerre en Algérie, et 132 ans de colonisation française. Pour commémorer cet événement, l’association Djelbana s’associe à l’Université de Genève et à l’UNIL: ensemble, ils organisent un colloque qui se tiendra ce weekend.

André Gazut se rappelle très bien des accords d’Évian: il avait couvert l’événement pour la TSR. Et il avait même pris quelques clichés, affichés aujourd’hui au parc des Bastions. Il se souvient: «C’était très tendu. Surtout que quelques jours auparavant, l’OAS, c’est-à-dire les partisans de l’Algérie française, avaient assassiné le maire d’Évian en opposition aux négociations». André est français. Il aurait dû combattre en Algérie, mais il a déserté, et s’est réfugié à Genève: «En 1956 je suis un jeune reporter photographe stagiaire à Paris. Un collègue revient de Kabylie avec des photos et parmi ces clichés, il y a des photos de torture. Pour moi c’est un choc. Comment est-ce possible, 11 ans après la fin de la deuxième guerre mondiale, que les soldats français utilisent des méthodes nazies?»

La Suisse, facilitatrice pour la paix

La Suisse ne s’est pas contentée d’accueillir des déserteurs, comme André. Elle a aussi joué un rôle de facilitatrice dans les négociations pour la paix comme l’explique Sarah Dekkiche, présidente de l’association Djelbana: «Le rôle qu’a joué la Suisse reste peu connu, alors que ça a été un rôle diplomatique fondamental. C’est d’ailleurs un des derniers faits de la Suisse où par le rôle qu’elle a joué, en usant des bons offices de neutralité active, elle a contribué à la fin d’une guerre et à l’indépendance d’un pays. Diplomatiquement, c’est très important».

Commémorer les accords d’Évian

Pour commémorer cet accord de paix, l’association Djelbana organise un colloque ce weekend en collaboration avec l’Université de Genève et l’UNIL: «Avec ce colloque j’espère mettre en lumière une partie de l’histoire qui reste méconnue, mais aussi donner un espace de dialogue apaisé aux différentes mémoires». Le colloque débutera par une croisière sur un bateau de la CGN, et se déroulera tout le weekend entre Genève et Lausanne. L’exposition photo Mélodies pour l’indicible, elle, est à admirer dans le parc des Bastions jusqu’au 3 avril.