Genève

Pierre Naftule est décédé

20.03.2022 12h18 Céline Argento

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Le producteur et metteur en scène genevois Pierre Naftule s’en est allé à l’âge de 61 ans. Il était gravement malade.

« Ce qui est bien dans la vie c’est de savoir pour quoi on est fait, et d’éviter ce qu’on ne sait pas faire. Moi, ce que je sais le mieux faire, c’est faire rire. » Ces quelques mots, Pierre Naftule les avait prononcés sur notre plateau en décembre 2017, alors qu’il était l'invité du Geneva Show pour présenter la Revue genevoise. Sa dernière. Car le producteur et metteur en scène avait décidé de mettre fin à cette aventure du fait de problèmes de santé. Une grave maladie portée durant des années, qui l’aura finalement emporté ce samedi 19 mars dans la soirée, à l’âge de 61 ans. 

Première Revue en 1990

Faire rire. Un talent sans conteste, éprouvé auprès de générations de Genevois. Pierre Naftule mène sa première Revue en 1990, après une expérience en télévision et comme metteur en scène de théâtre. Le format du spectacle satirique lui plaît. Et les spectateurs le lui rendent bien. En 1993, il créé avec Joseph Gorgoni le personnage mythique de « Marie-Thérèse Poget » devenue ensuite Marie-Thérèse Porchet dont il deviendra le scénariste.

Il moque les élus et les nouveaux faits de société, toujours avec un décor soigné et une mise en scène millimétrée, quinze éditions durant. Le producteur est connu pour être exigeant, comptant même les rires certains soirs. Les mécontents ? « Tant mieux s’il y en a. Le pire ce sont les indifférents, ceux qui disent que c’était pas mal ». Un humour grinçant, parfois sexiste, flirtant avec la limite. Mais Naftule assume tout, « parce qu’il faut être soi-même. »

2017, l'annonce de la maladie

Pierre Naftule travaille aussi avec Yann Lambiel ou Laurent Deshusses. Plus récemment, il accompagne de jeunes humoristes comme Marina Rollman, Thomas Wiesel ou Nathanaël Rochat « pour éviter qu’ils se fassent avoir par certains producteurs ». 

2017 est charnière. Il épouse Maï, danseuse chorégraphe, sa compagne depuis dix ans. Mais c'est aussi cette année là qu'il découvre l'existence du mal qui le ronge, la maladie de Charcot. Il se met en retrait de la Revue de genevoise après quinze productions au compteur. Malgré sa participation à la création de la « Nouvelle Revue de Lausanne » en 2018, il s’efface peu à peu pour faire face à cette maladie dont il parle peu.

On ne lui donnait en 2017 que quelques mois à vivre. Ce sont finalement presque cinq ans qui se sont écoulés avant son départ. Les quelques lignes écrites par les proches ce jour ne pourraient pas mieux résumer cette figure qu'était Pierre Naftule: « il aura joué les prolongations, dans la pure tradition de la Revue genevoise».