Genève

La réforme sur les cours de santé sexuelle suscite la grogne

22.03.2022 18h30 Julie Zaugg

grève

Les formatrices et formateurs en promotion et éducation de la santé ont fait grève cet après-midi. Ils dénoncent une réforme des prestations d’éducation sexuelle dans les écoles genevoises, au détriment des élèves. Avec en toile de fond la crainte d’une perte de leur statut et de leurs avantages. 

À la promenade de Saint-Antoine, la grève se prépare. Une vingtaine de formatrices et formateurs consultants en promotion et éducation à la santé ont organisé un débrayage qui sera bientôt suivi d’une manifestation sous les fenêtres du DIP. En cause, la réforme du département portant sur les prestations de santé sexuelle dans les écoles genevoises. 

Elle prévoit l’augmentation du nombre d’heures d’intervention à hauteur d’un tiers, passant de 18 à 28. Sans modifier le nombre de personnes employées, soit 24. Leur fonction se voit scindée en deux,  supprimée au profit de nouveaux métiers: les «maîtres spécialistes», chargés de l’enseignement, et les «chargés de formation et de projet» pour élaborer les cours et les dossiers. 

« On nous a annoncé cette réforme qui est juste le démantèlement de notre profession, regrette Helène Upjohn, déléguée syndicale. Nous devons repostuler à un poste dont nous ne savons pas vraiment le cahier des charges! ». Les formateurs et formatrices concernées vivent ces changemens comme une attaque. Les syndicats dénoncent un flou quant à l’avenir des employés concernés. Avec la peur de voir leur statut et leur salaire dévalorisés.

Deux dimensions qui peinent à dialoguer

La conseillère d’Etat Anne Emery-Torracinta se veut rassurante. «Chaque fois qu'il y a un changement c'est normal quil y ait une inquétude. Ce que je peux garantir et que le Conseil d'Etat peut garantir, c'est que personne ne perdra son poste. Au contraire, ces personnes pourront choisir ce qu'elle préfèrent entre les deux métiers et elle pourront être en lien avec le terrain, elles seront reconnues dans les écoles avec un statut d'enseignant. Actuellement ce sont des personnes qui débarquent dans les écoles, là elles feront partie intégrante du corps enseignant». 

Car voilà là une autre crainte, celle de devoir faire des cours à la chaine, sans pouvoir creuser des thématiques ou monter des projets au long court. Pour Marie-Laure Waefler-Moret, déléguée sydicale elle aussi, la qualité des prestations sera «anéantie». Anne Emery-Torracinta n'entend pas cet argument, « justement, il y aura du temps avec ces élèves!, dit-elle, Sachant en plus que l'enseignement n'est que sur une petite partie de l'année, il y aura du temps pour des dossiers». 

Deux dimensions diamétralement opposées et une réforme qui poursuit sa route. Elle sera mise en application entre la rentrée 2022 et 2024. Actuellement, cours tous les deux ans entre la 4ème primaire et la 1ere année de Secondaire II. À terme, ce sera chaque année le cas, pour les classes de 3ème primaire à la 3ème année de SECII.