Genève

Santé sexuelle: le Grand Conseil tacle le DIP

11.04.2022 18h26 Céline Argento et Lucie Hainaut

Grand Conseil

Après des semaines de contestation de la part du personnel et des syndicats, le Grand Conseil s’est saisi du débat sur les cours d’éducation sexuelle vendredi soir. Il a voté une motion qui demande l'ouverture des négociations avec le Conseil d’État. 

C’est une motion portée par les partis de gauche… y compris le PS: elle demande au Conseil d’État d’ouvrir des négociations avec le personnel concerné et les syndicats. Pour rappel, en février dernier le département de l’Instruction Publique a annoncé une réforme des formateurs en éducation sexuelle à l’école. Elle prévoit de décomposer leur métier actuel en deux: une partie administrative, et une partie dédiée à l’enseignement. Le but: augmenter le nombre d’heures de cours pour les élèves.

Mais les syndicats ne veulent pas de cette réforme: «Il y a vraiment une scission de la fonction. Une fonction qui, on le rappelle, est reconnue au niveau national par les associations qui sont spécialisées dans le domaine. Donc il y a un démantèlement de la fonction. Cette réforme va aussi probablement s’accompagner d’un déclassement salarial, même si pour le moment ça reste très flou» explique Aline Zuber, secrétaire syndicale au SSP (Syndicat des services publics).

Le Grand Conseil se saisit du débat

Après deux grèves menées par les enseignants en santé sexuelle, le mécontentement du personnel est relayé au Grand Conseil, notamment par Françoise Nyffeler, députée Ensemble à Gauche: «Le DIP a construit sans concertation une réforme qui fait craindre un grand appauvrissement de la qualité des cours offerts aux élèves». La députée verte Katia Leonelli ajoute: «Alors bien sûr, les FCPES se réjouissent de cette hausse du nombre d’heures, mais ils pointent du doigt cette révision qui prévoit une plus grande charge de travail sans poste supplémentaire. Comme d’habitude, on veut faire plus avec moins, et ce alors même que depuis des années, le nombre d’élèves ne cesse d’augmenter et le nombre des FCPES est resté stable».

«Beaucoup de désinformation et de manipulation»

Pour la conseillère d’État en charge du dossier, son propos n’a pas été compris: «Quand je vous entends, j’ai l’impression qu’il y a un immense malentendu, et surtout beaucoup de désinformation et de manipulation. Il n’est pas question de licenciement, il n’est pas question de personnes qui vont perdre leur travail». Les licenciements seraient obligatoires formellement pour permettre une embauche en d’autres termes de contrat. Le département signale aussi qu’il discute depuis 2014 avec les formateurs concernés.

À l’issue des débats, la motion a été acceptée à 49 voix contre 43. Anne Emery-Torracinta rappelle de son côté qu’elle n’abandonnera pas cette réforme. Le cahier des charges officiel n’est pas encore fixé. La réforme s’échelonnera sur plusieurs rentrées.