Genève

Le procès d’une bagarre qui aurait pu être fatale

26.04.2022 18h19 Rédaction

Un sans-abri aurait asséné plusieurs coups de couteux lors d’une altercation aux Grottes à l’automne 2020. Il est jugé en ce début de semaine.

L’histoire commence comme un repas qui aurait pu être relativement normal. Entre plusieurs personnes marginales, du moins en situation précaire puisqu’elles alternent entre squat et chambre d’hôtel. Ce soir-là c’est fondue sur la place des Grottes, le prévenu et le plaignant de cette affaire sont présents, ils ne se connaissent alors que de vue, ils sont réunis ici via une amie en commun. Ils échangent peu entre eux à table.

Cette amie commune entretient une relation avec le prévenu à l’époque; ils passent souvent la nuit ensemble. Mais ce soir-là elle ne veut pas, à table lorsqu’il lui propose encore en argumentant, elle semble ne pas l’écouter, il aurait alors eu un geste violent envers elle pour avoir son attention. Autour de la table, deux autres hommes dont le plaignant s’interposent. Tombe alors une pluie de coups qui dégénère lorsque le prévenu s’empare d’un couteau. Il en donnera alors plusieurs coups à l’autre cinquantenaire en face de lui, le plaignant, qu’il appelle “Le Black” lors de l’audition.

Des témoins de la scène et la police mettront fin à cette baston qui aurait pu virer au drame. Bilan de la soirée: un poumon perforé, plusieurs lésions sur le haut du corps pour la victime. Et un aller simple en prison pour l’auteur des coups.Cet homme, arrivé en Suisse début 2020, nie les faits. Il reconnaît certes que des coups ont été donnés mais pas avec un couteau. Qu’il n’a rien fait. Pour lui c’est une plainte mensongère qui a été déposée contre lui, sur fond de racisme et de jalousie. Il s’explique «c’est parce que j’avais cette relation avec notre amie et pas lui. Et aussi parce que je suis Arabe. Ils disent tous que c’est l’embrouille avec les arabes».

Des propos réfutés par la victime, sans avocat pour cette audience

L’accusé dit n’avoir aucun grief à l’égard de l’accusé si ce n’est qu’il l’a quand même envoyé à l’hôpital. Il dit vouloir aller de l’avant aujourd’hui et raconte avec beaucoup de détachement la résilience dont il fait preuve depuis les faits.

Le procureur de cette affaire, Raphaël Gobbi, a salué cette force de caractère lors de son réquisitoire. Un réquisitoire qu’il a voulu sévère, face à l’absence de collaboration et les discours changeants de l’accusé. Il a demandé que l’homme soit reconnu coupable de tentative de meurtre, d’empêchement de réaliser un acte officiel et de séjour illégal en Suisse, soit 5 ans de prison ferme, des amendes et une expulsion de territoire pour 7 ans.

Beaucoup trop pour La Défense qui demande l’acquittement des deux premiers chefs d’accusation. Persiste le doute en plus d’une responsabilité pénale amoindrie à cause d’une consommation de LSD ce soir-là, estiment les avocats. Cette situation est le triste résultat d’un mélange de précarité, de mauvaises fréquentations et de drogues, disent-ils.

Le verdict est tombé: cinq ans de prison ferme, plusieurs amendes et une expulsion de territoire