La sécurité des pistes cyclables n'est pas suffisante
Récemment, le canton a communiqué sur le déploiement de nouvelles bandes cyclables sur l'avenue Pictet-de-Rochemont. Une annonce déjà critiquée par les associations qui préféreraient de vraies pistes sécurisées. À Genève, le réseau cyclable est plutôt précaire en termes de sécurité. Les "corona-pistes" sont plébiscitées par les cyclistes selon un sondage de l'université de Lausanne.
Avenue Wendt à la Servette. C’est un point noir bien connu des cyclistes sur la rive droite. «Je défie quiconque de se sentir en sécurité avec des enfants sur cet axe, c'est impossible» nous glisse Thibault à quelques centimètres d'une voiture qui attend au feu rouge. Pistes discontinues, voies cyclables étroites ou absentes... Toutes les associations pro vélo le disent: Genève a 10 ans de retard en termes d’aménagement cyclable.
Par exemple, à l’avenue Pictet-de-Rochemont, deux nouvelles bandes cyclables vont voir le jour dès cet été. Une voie de circulation pour les voitures disparaîtra. Très bien, mais largement insuffisant pour Actif-Trafic. Pour permettre aux vélos de se sentir en sécurité, il faut aller beaucoup plus loin. «Il faut mettre de véritables pistes souligne Thibault Schneeberger. On peut aussi avoir des solutions intermédiaires en mettant des parpaings en béton, des pointes de diamant ou des potelets pour permettre de sécuriser les cyclistes.»
Corona-pistes plébiscitées
Il y a des endroits où le canton est allé plus loin. Les fameuses "corona-pistes". Sept kilomètres de très larges bandes cyclables en centre-ville. Le cadre légal qui permet de transformer rapidement une voie du trafic motorisé en piste cyclable explique leur apparition au printemps 2020, en plein déconfinement. Un rapport de l’université de Lausanne, en passe d’être publié, montre que ces axes sont un succès pour les cyclistes. Ils sont plébiscités par les usagers pour leur sécurité. «Plus de 90 % des personnes à vélo qui ont répondu au questionnaire estiment que ces aménagements répondent à un besoin et qu’ils doivent être pérennisés estime le professeur Rérat, qui a dirigé l’étude. On observe même que plus de 60% des répondants disent avoir changé de temps à autre d’itinéraire pour profiter de ces nouveaux aménagements.»
Insécurité et sentiment d'insécurité
Les chiffres de la police sur les accidents de la route impliquant des vélos sont inquiétants. Ils ont bondi de 61 % entre 2019 et 2021.
Pour sensibiliser les adeptes de la petite reine, Pro Velo mène une campagne sur un rond-point cet après-midi-là. Le sentiment d’insécurité à vélo freinerait de nombreux utilisateurs selon l’association.
D’ici 2032, douze nouveaux axes pour les vélos doivent être aménagés sur l’ensemble du canton. Leurs formes et leurs tracés n’en sont qu’au commencement de l’étude. Mais 135 millions de francs sont budgétés pour ces réalisations.
Serge Dal Busco: «Notre volonté est vraiment de développer les pistes cyclables»
Le conseiller d'État réagit à la polémique. «Si nous nous limitons à des bandes cyclables sur cette section, c'est parce que d'importants travaux des SIG sont attendus dans les années à venir.» Pour lui, Genève rattrape son retard (estimé à 10 ans) en la matière. «Il faut mettre les bouchés doubles ou triples. Notre volonté est vraiment de développer les pistes cyclables. Mais dès que l'on lance un projet, nous sommes attaqués en justice.» Concernant la sécurité, Serge Dal Busco assure que la sécurité est la priorité: «Ce que l'on cherche à faire, c'est un réseau sûr, sécurisé et confortable.»