Deux Nobel de la paix pour le prix international du dessin de presse
Ca mardi, de nombreuses personnalités, comme Simonetta Sommaruga et deux Nobel de la paix étaient réunis à Genève à l’invitation du dessinateur Patrick Chappatte. Ils ont remis le prix international du dessin à deux dessinateurs de l’Est.
Il est quatorze heures à la Maison de la Paix. L’Ukrainien Vladimir Kazanevsky et le Hongrois Gabor Papai sont honorés par le prix international du dessin de presse, “Kofi Annan Courage in Cartooning Award”.
«Le dessin est une arme»
Les deux lauréats luttent chacun dans leur pays pour continuer à dessiner, avec en toile de fond, le pouvoir de Poutine sur la région. Gabor Papaì: «L’Etat mafieux est en place en Hongrie. Ce sont l’Omerta et le mur du silence qui obligent les victimes elles-même à se taire. Les Poutinistes n’ont pas réussi à assiéger Kiev, mais ils ont réussi à prendre Budapest.» Vladimir Kazanevsky, lui, a fui l’Ukraine dès le début de la guerre. «Avant la guerre, je faisais plein de dessins différents. Mais miantenant, je ne fais que des dessins politiques car j’ai la possibilité d’être acteur de la guerre de l’information contre la propagande russe. Le dessin est une vraie arme.»
Le symbole est grand. Car pour remettre ces prix, sont présents les deux Nobel de la paix 2021, eux aussi journalistes engagés. Maria Ressa aux Philippines, est inculpée pour dénonciation de la corruption de son gouvernement. Elle encourt 100 ans de prison: «Votre attention est ce qui donne à nos vies du sens. Aujourd’hui la bataille est pour notre esprit.» Autre lauréat de ce Nobel 2021, d’autant plus symbolique, Dmitry Mouratov. Il est le rédacteur en chef de Novaia Gazeta, dernier journal indépendant de Russie. Le journal a cessé son activité fin mars. Mais Dmitry Mouratov commente une des Unes: «Le mot guerre a été interdit en Russie. Mais pas le mot paix» rappelle t'il ironiquement.
«La neutralité bénéficie à l'oppresseur»
Aux manettes de ce grand événement, le dessinateur suisse Patrick Chappatte. Jusqu’au bout, la présence des deux Nobels était incertaine: «C'est un rêve d'avoir ces deux héros ici.» En fin de conférence donnée par les Nobel, quelques mots, directs, incisifs à l’adresse de la Suisse et des pays européens. Maria Ressa: «Chacun peut faire quelque chose ici, et la Suisse a un grand pouvoir. On parle beaucoup de la neutralité suisse. Mais la neutralité bénéficie à l’oppresseur. Maintenant, il est temps de tous se lever.» Face à eux, la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga: «Il est du devoir de tous les dirigeants politiques de veiller au respect de la liberté de la presse.»
Suisse au 14e rang
Reporter Sans Frontières a dévoilé ce jour le classement de la liberté de la presse. Sur 180 pays évalués, 79% sont caractérisés par des situations «très graves» ou «problématiques» pour la profession. 47 journalistes ont été tués dans le monde en 2021. La Suisse se classe au 14e rang de ce classement, perdant 4 rangs par rapport à l’an dernier.