Genève

Heimdall, des motards "sérieux" contre le harcèlement scolaire

16.05.2022 18h57 Delphine Palma

Chromes rutilants, gros bras tatoués et vrombissements des moteurs autour des préaux. Depuis quelques années, les groupes de motards qui se mêlent de harcèlement scolaire, sont de plus en plus nombreux. Ce midi, une association de motards a mené une action de sensibilisation devant une école primaire. Ils revendiquent une approche sérieuse, appuyée par des professionnels.

Une vingtaine de motards, homme ou femme, et même un side-car. Ce midi, ils sont venus en nombre accompagner Dario, 12 ans, devant son école du quartier de Balexert. Impressionner les copains, valoriser les enfants victimes de harcèlement. C’est le but premier de ces groupes de motards qui se rendent devant les préaux.

Plus qu'un groupe de motards

Les motards profitent de l’attrait des deux-roues auprès des jeunes pour aborder le délicat sujet du harcèlement à l’école. Mais l’association Heimdall se veut plus qu’une réunion de motards venus montrer les muscles et les belles mécaniques. Son organisation est basée sur un groupe de soutien composé d’une éducatrice spécialisée et d’une ambulancière, qui suit bénévolement les enfants et leurs familles: « Nous créons un lien, tranquillement, détaille l’une des co-fondatrices de l’association Crystel Descaves. Il y a plein de structures qui existent déjà. Nous ne sommes pas là pour rajouter une couche, mais pour créer du lien avec ce réseau existant. » 

«De victime à héros»

La maman de Dario, que nous rencontrons un peu avant l’intervention des motards, nous raconte les moqueries, les insultes que subit son fils depuis deux ans. Aujourd’hui, elle voit enfin du changement. « Il ne nous dit plus le dimanche soir, qu’il ne veut pas aller à l’école. Et je le sens beaucoup plus sûr de lui. »

Au service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent des HUG, le docteur Barbe, ne dirige pas ses patients vers des associations de motards. Mais il voit dans ce genre de démarche, un cheminement plutôt bénéfique. « Au fond, ça peut changer la vision que l’enfant a de lui-même et aussi celle de ses camarades, en renforçant l’estime de soi. Du statut de victime, il peut passer à celui de héros.»

Il est 13 h 30, le groupe de motards s’en va. Mais il reviendra à 16 h récupérer Dario et lui souhaiter un bon anniversaire. Il fête aujourd’hui ses 12 ans, bien entouré.

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