Entreprises et associations se mobilisent contre le gaspillage alimentaire
Supermarché
Fini les plats jetés à la poubelle, ou les légumes non-calibrés qui atterrissent au compost plutôt que dans l’assiette: jeudi dernier, la Confédération a signé un accord avec 28 acteurs du secteur alimentaire, pour lutter contre le gaspillage. Ils s’engagent à réduire de moitié les pertes alimentaires d’ici à 2030.
En Suisse, le gaspillage alimentaire représente 2'669’000 tonnes de matières fraîches. Soit 330 kilos de déchets par habitant et par an. Et selon les secteurs, les quantités ne sont pas les mêmes. C’est la transformation des denrées alimentaires qui crée le plus de pertes: en 2017, ce secteur représentait 45% du gaspillage alimentaire total en Suisse. Le commerce de gros et de détail comptabilise lui au niveau national 279'000 tonnes de pertes alimentaires, soit 10% du total. Une problématique dont Migros Genève est consciente. La coopérative travaille déjà à réduire le gaspillage alimentaire dans ses magasins: «Sur les invendus, la principale piste est la réduction des prix pour inciter à la vente les clients ou les collaborateurs. Pour le surplus nous avons des leviers comme la collaboration avec la Fondation Partage, et des ventes via TooGoodToGo pour ce que Partage ne peut pas prendre» explique Michel Martin, responsable Qualité Produits chez Migros Genève.
Une approche intersectorielle
La Fédération des coopératives Migros fait partie des signataires de l’accord, tout comme GastroSuisse, la faîtière de l’hôtellerie et de la restauration. L’antenne genevoise de la Fédération, La Société des Cafetiers, Restaurateurs et Hôteliers, se réjouit de cet accord. Son président, Laurent Terlinchamp, salue l’approche intersectorielle prise par l’Office Fédéral de l’Environnement: «Ce qui est positif, c’est que l’ensemble de la filière qui crée des produits vont être sensibilisé à trouver des combines pour que à termes, on ne jette plus autant de produits».
Et les consommateurs dans tout ça ?
Si la Fédération romande des consommateurs salue l’accord, elle déplore tout de même que les particuliers ne soient pas pris en compte, alors même que c’est au sein des ménages que près d’un tiers des pertes alimentaires se produisent. Barbara Pfenniger, la responsable Alimentation de la fédération, souligne: «Il faut une campagne d’information des consommateurs, pour les aider à diminuer le gaspillage chez eux. Les entreprises sont des professionnels, ils connaissent leur métier. Les particuliers, eux, ont besoin de conseils pour limiter le gaspillage alimentaire». Contactés par nos soins, l’Office Fédéral de l’Environnement précise: «L'accord intersectoriel se concentre dans un premier temps sur les entreprises et les associations. […] Il prévoit également que les entreprises signataires sensibilisent les consommateurs et les aident à réduire les pertes de denrées alimentaires».
Et après 2030 ?
Désormais, c’est aux entreprises et associations signataires de définir les objectifs de réduction spécifiques à leur secteur, pour réduire de moitié le gaspillage alimentaire d’ici à 2030. Elles devront ensuite rendre compte chaque année de la quantité de pertes alimentaires évitées, et des mesures prises. Mais selon Barbabra Pfenniger, il ne faut pas s’arrêter à l’horizon 2030: «S’arrêter à 50%, ce ne serait pas suffisant. C’est un bon début, mais il faut aller au-delà. Commençons déjà maintenant, par la suite on fera mieux».