Mobilisation contre le noma à Genève

Connaissez-vous le noma? Cette maladie peu connue fait pourtant des ravages dans certains pays d’Afrique et d’Asie. Le ministre nigérian de la santé veut attirer l’attention sur cette infection qui s’attaque aux tissus de la bouche et du visage. Une conférence s’est tenue ce matin au Club suisse de la presse. 

Une maladie qui ne devrait plus exister: c’est l’appel du Dr Osagie Ehanire, le ministre nigérian de la santé et de Médecins sans frontière. Ensemble, ils demandent une mobilisation internationale pour lutter contre le noma. Pour cela, le ministre compte réclamer à l’OMS l’inscription de cette infection à la liste des maladies tropicales négligées. Avec cette démarche, il souhaite obtenir du soutien dans la lutte contre cette infection: «Nous espérons attirer l’attention sur cette maladie. Notre message est que cette infection cause beaucoup de souffrance dans les pays pauvres. Mais avec du soutien financier et technique de la part d’autres pays, nous pouvons facilement éliminer le noma» explique-t-il.

Une infection fulgurante

Le noma touche les jeunes enfants qui vivent dans une extrême pauvreté. L’infection est fulgurante: en quelques jours, les joues et la bouche sont gangrénés. il faut donc agir rapidement. Mais les chiffres sont alarmants: «Seuls 10% des enfants viennent à l’hôpital, alors que 90% des enfants meurent chez eux, parce qu’ils ne reçoivent aucun traitement» déplore le Dr Isah Shafi’u, directeur médical en chef de l’hôpital Noma de Sokoto au Nigeria.

110'000 morts par an

Médecin sans Frontière estime que chaque année, 110'000 personnes meurent du noma, alors que l’infection pourrait être évitée grâce à des campagnes de prévention. Selon le Dr Isah Shafi’u, des actions simples pourraient éradiquer la maladie: «Il faut améliorer l’alimentation des enfants, leur immunité, et mener des campagnes d’information pour expliquer aux gens ce qu’est le noma. Leur dire que cette infection tue, et qu’il faut améliorer l’hygiène buccale des enfants».

Des séquelles irréversibles

Sans soin, les enfants meurent en une quinzaine de jours. Et pour ceux qui ne décèdent pas, le noma peut laisser des séquelles à vie. C’est le cas par exemple pour Fidel Strub, aujourd’hui président de Noma-Aid-Switzerland, une association qui milite pour l’éradication de cette maladie. Quand il était enfant il a été gravement atteint par l’infection, qui l’a laissé défiguré. «C’est un vrai challenge: quand on a été touché par le noma, on voit dans le miroir qu’on a eu cette maladie et ça reste, c’est pas quelque chose qui disparaît» raconte-t-il.

Le gouvernement nigérian et Médecins sans Frontières espèrent que l’OMS inscrira le noma sur la liste des maladies tropicales négligées en 2023.