Genève

Des marchands de sommeil affrontent leur deuxième jour de procès

31.05.2022 19h06 Julie Zaugg

Cette journée était dédiée à la suite de l’audition de la principale accusée ainsi que l’audition de plusieurs plaignants.

Ce matin il restait seulement le couple, mis en cause dans cette affaire d’usure par métier. Pour rappel on leur reproche d’avoir facilité le séjour de personnes sans permis contre le prix fort entre 2016 et 2019.

La principale accusée était interrogée sur l’absence de comptabilité, alors qu’elle devait gérer une vingtaine d’appartements avec plusieurs sous locataires chacun. Elle a expliqué à la cour qu’elle était trop débordée pour tenir une comptabilité et que de toute façon elle retenait tout. «Durant mes études, j’ai entraîné mon cerveau pour tout enregistrer» a-t-elle justifié. Elle a aussi expliqué que si elle avait un nombre conséquents d’appartement en locations, c’était dans l’espoir de pouvoir les racheter à la régie à un bon prix.

Si elle a tardé à verser au tribunal les tableaux récapitulatifs des divers loyers, c’était pour protéger le directeur de ladite régie. «Je voulais protéger ce monsieur jusqu’au dernier jour de la prison, a-t-elle dit avant d’ajouter: «Il est très intelligent, c’est lui qui a organisé toute cette escroquerie mais je n’ai pas de preuve.» l’accusée souhaite entreprendre une procédure pénale contre lui et un collaborateur a t elle déclaré «mais je ne peux assumer financièrement deux procédures». Un fort lien professionnel existait visiblement entre cette dame et la régie; son mari, interrogé aussi ce matin a rappelé qu’il était contre ces activités. Il précise que pour lui il n’y avait à la base qu’une relation «entre personnes expérimentées dans le métier qui aident une personne débutante en immobilier».

Sur fond d’adultère

La relation professionnelle entre le directeur de régie et cette novice, qui s’est aussi transformée un moment en relation sentimentale. C’est un point qui a été soulevé par une avocate partie plaignante. Le mari était-il au courant ou non? Il n’a pas répondu à cette question qui n’avait pas lieu d’être selon la présidente. Mais il a affirmé son soutien inconditionnel à son épouse, devant la cour, ce même si les faits devaient être avérés.

Pour mieux comprendre, neuf parties plaignantes étaient présentes cet après midi pour leur audition. Des personnes majoritairement d’origine philippine qui ont décrit les conditions de vie et l’état des logements qu’elles occupaient. Dans leurs récits : des chambres partagées parfois jusqu’à six personnes, des accès restreints aux boîtes aux lettres et des dérangements tard le soir de la bâilleuse qui venait récupérer son loyer en cash, sans quittance. Les auditions se poursuivent toujours derrière mois avec les derniers plaignants.

Demain la place sera laissée au réquisitoire du procureur Adrian Holloway ainsi qu’aux plaidoiries.