Un escape game pour parler de migration
Un escape game pour expliquer les enjeux de la migration: c’est l’idée d’un enseignant de géographie du CEC Emilie-Gourd. Pensé comme un jeu sérieux, un serious game, il a été intégré au programme des troisièmes années de l’établissement. Le but: expérimenter une trajectoire migratoire avec ses contraintes, et ses dénouements possibles.
C’est l’heure de faire le point pour David Pillonel, enseignant de géographie et initiateur de ce projet pas comme les autres: un escape game au sein du CEC Emilie-Gourd. Pendant une heure, trois élèves et deux journalistes endosseront les identités de personnes migrantes: «La meilleure manière pour comprendre une trajectoire migratoire, c’est de vous mettre dans la peau d’une personne migrante. Et toutes les vies que je vais vous donner, vous prêter, ce sont des véritables trajectoires de vie, qui nous ont été racontées» explique le professeur. Le jeu peut alors commencer: les participants ont une heure pour obtenir un permis d’entrée en Suisse. Parmi les énigmes: mots de passe à découvrir, cadenas à déverrouiller, et indices à retrouver.
Le règlement Dublin s'applique à tous
Pendant que les participants avancent dans leur quête, les organisateurs surveillent leur avancée depuis la salle de contrôle: «Ici on est game master, on supervise que tout se passe bien. Et puis on suit le déroulement du jeu, savoir où est-ce qu’ils en sont, pour pouvoir leur apporter la bonne aide au bon moment» développe l’enseignant. La dernière étape, c’est l’arrivée en Suisse, en passant au travers des grilles d’aération du collège… Et une question piège pour la fin: «Vous êtes passés par l’Italie?». Les participants qui répondent par l’affirmative sont menottés. Règlement Dublin oblige, c’est dans le premier pays européen dans lequel ils arrivent qu’ils doivent faire leur demande. Un participant a oublié cette subtilité et se retrouve menottes aux poignets.
Des participants enthousiastes
La partie terminée, c’est l’heure du debrief pour Bettina et Roza, deux élèves de quatrième année au collège Claparède: «J’ai adoré, c’était super bien fait. On aurait dit un escape game géré par des professionnels, et puis j’ai appris plein de choses sur la migration» déclarent-elles, enthousiastes. Pour l’enseignant, il était primordial de traiter le sujet avec précaution, et de ne pas s’arrêter au côté ludique de l’escape game: «On a essayé d’aborder cette thématique avec le plus grand sérieux, avec humilité aussi. D’abord en rencontrant des acteurs du terrain comme le HCR, SOS Méditerranée, asile.ch, qui sont venu tester notre activité pour l’améliorer et la valider» explique-t-il.
L’enseignant a constitué une association avec ses collègues et les élèves motivés, pour pérenniser le projet. Ensemble, ils ont remporté la bourse Françoise Demole pendant le concours Eduki 2021. Une belle reconnaissance, mais aussi un coup de pouce financier bienvenu.